Istanbul, Turquie. Après 20 ans de réclusion pour crime, Kadir obtient une liberté conditionnelle et intègre un groupe chargé de fouiller les ordures pour y trouver des traces de fabrication de bombes et informer la police. Sitôt sorti, il tente de renouer avec son jeune Ahmet, employé de la municipalité qui chasse les chiens errants pour les tuer, mais a décidé d’en cacher un chez lui pour le soigner. Dans ce climat d’apocalypse où le bruit des bombes est devenu familier, les deux frères tentent de garder leurs secrets.

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Pour son deuxième film, trois ans après Derrière la colline, le réalisateur turc Emin Alper tord la réalité pour mieux la décrire : transformée en champ de guerre, dans un futur proche ou un présent alternatif, la région d’Istanbul devient le théâtre cauchemardesque d’une histoire de frères qui reflète un monde sombre et torturé, où les repères ont disparu. Un tableau où la paranoïa et la peur ont métamorphosé le paysage urbain, mais pas que : il change les gens, brise les esprits et les liens. La formule, qui met en jeu les liens du sang pour mettre en lumière la violence du contexte, est connue, mais diablement efficace. Récompensé par le Prix du Jury Venise 2015, Abluka (« blocus » en turc) est un film fort et brut, qui entraîne dès les premières minutes dans une atmosphère brutale grâce à des acteurs solides et une mise en scène soignée, qui confirme qu’Emin Alper est définitivement un cinéaste à suivre.