Ils s’aimaient comme on aime à treize ans : révoltes, curiosité, espoirs, doutes, filles, rêves de gloires, ils partageaient tout. Paul est riche. Emile est pauvre. Ils quittent Aix, « montent » à Paris, pénètrent dans l’intimité de ceux de Montmartre et des Batignolles. Tous hantent les mêmes lieux, dorment avec les mêmes femmes, crachent sur les bourgeois qui le leur rendent bien, se baignent nus, crèvent de faim puis mangent trop, boivent de l’absinthe, dessinent le jour des modèles qu’ils caressent la nuit, font trente heures de train pour un coucher de soleil... Aujourd’hui Paul est peintre. Emile est écrivain. La gloire est passée sans regarder Paul. Emile lui a tout : la renommée, l’argent une femme parfaite que Paul a aimé avant lui. Ils se jugent, s’admirent, s’affrontent. Ils se perdent, se retrouvent, comme un couple qui n’arrive pas à cesser de s’aimer.

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L’échec cinglant de la comédie Des gens qui s’embrassent en 2013 a vraisemblablement poussé Danièle Thompson à repenser sa formule des films choral (Fauteuils d’orchestre, Le Code a changé). Son sixième film s’éloigne ainsi des rires pour s’aventurer sur le terrain du biopic prestige, avec l’amitié complexe entre Paul Cézanne et Emile Zola, interprétés par Guillaume Gallienne et Guillaume Canet. Hélas, la réalisatrice n’évite pas les écueils du genre avec ce film faussement romanesque un peu soporifique, bien trop appliqué et scolaire. Malgré la vivacité de Guillaume Gallienne et des seconds rôles interprétés par des acteurs solides (Sabine Azéma, Déborah François), Cézanne et moi est un film trop mécanique, trop rigide, qui échoue à restituer cette passion qui anime les artistes au coeur de l'histoire.