Citoyen d'honeur Argentine, Espagne 2016 – 118min.
Critique du film
Citoyen d'honneur
Auteur à succès et lauréat du Prix Nobel de littérature, l’Argentin Daniel Montovani vit en Europe depuis plus de trente ans. Alors qu'il refuse systématiquement les multiples sollicitations dont il est l’objet, il décide finalement d'accepter l'invitation reçue de Salas, sa petite ville natale qui souhaite le faire citoyen d'honneur. Il ne se doute pas que revenir dans cet endroit qui lui a inspiré ses romans, face aux habitants qui sont devenus à leur insu les personnages de ses fictions, n’est pas forcément une bonne idée.
Peu de films argentins arrivent jusqu’à nous, et c’est donc avec un sourire qu’on retrouve dans Citoyen d’honneur l’acteur Oscar Martínez, quelques mois après Les Nouveaux Sauvages, délicieuse comédie à sketches nommée à l’Oscar du meilleur film étranger. Récompensé à Venise pour son interprétation, il est le point fort du film de Gastón Duprat et Mariano Cohn, qui manque par ailleurs d’une vraie énergie pour aller au bout de son idée de satire cruelle et noire. Citoyen d’honneur surprend finalement plus par sa tendresse triste et sa vision d'une humanité assez minable : c'est ça qui donne une saveur inhabituelle à cette fable a priori cousue de fil blanc, à laquelle il manque une certaine force (notamment du côté de la mise en scène, un peu plate) qui lui aurait permis de véritablement faire sens.
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Commentaires
“Affreux, sales et pas gentils”
Daniel Montovani devient le premier écrivain argentin à remporter le Prix Nobel de littérature. Cet honneur, il le reçoit dans un discours faisant rimer reconnaissance et impudence. Quelques temps plus tard, il est invité à devenir citoyen d’honneur de Salas, patelin de son enfance sis au cœur de ses romans. Après hésitation, il accepte de retrouver celles et ceux qu’il a quittés en faveur de l’Europe, il y a quarante années.
La bande annonce suggérait une comédie fine et mordante dans la lignée des Nouveaux sauvages de Damián Szifrón, où apparaissait déjà l’acteur Oscar Martínez. Si les crocs se laissent entrevoir à travers les babines, l’humour vinaigré ne fait pas longtemps saliver. Rat des villes contre rats des champs, la confrontation entre le cynisme de l’intellectuel exilé et la candeur arriérée de ses anciens concitoyens est bien présente. En tant que fable caustique et cruelle, elle laisserait même supposer un contre-point intéressant à La Visite de la vieille dame de Friedrich Dürrenmatt. En vain, le déséquilibre est tel que le contraste en devient gênant et ne réserve pas le renversement espéré. Derrière ses lunettes, Montovani dégage une vanité plutôt subtile qui ne suscite cependant guère de sympathie. Sa maîtrise du verbe lui permet néanmoins de garder l’ascendant sur les ploucs d’en face qui ne s’expriment que par la bêtise, la convoitise et une violence exacerbées. Le prétexte final de la fiction satirique est certes esquissé sans parvenir à excuser l’ensemble.
5/10… Voir plus
Dernière modification il y a 7 ans
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