The Wolfpack Etats-Unis 2015 – 89min.
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Bien étrange que la famille Angulo. Six jeunes frères, longs cheveux noirs et figures androgynes, portant chacun un prénom sanskrit – Bhagavan, Govinda, Narayana, Mukunda, Krisna et Jagadesh – . Une petite sœur peut-être autiste, Visnu, qui, dit-on pudiquement, vit dans son monde et à laquelle la caméra ne s’intéressera pas. Susanne, leur maman, hippie douce mais effacée. Oscar, leur papa d’origine péruvienne, tyran à domicile pour seule profession. A neuf, ils vivent en meute – "wolfpack" – dans un appartement subventionné de New York avec l’interdiction d’en sortir. Révélé à Sundance, ce documentaire pourrait être le pendant masculin du Mustang de Deniz Gamze Ergüven. Sous prétexte de les protéger du monde extérieur, les enfants sont enfermés là où paradoxalement la menace est la plus grande. Leur échappatoire ? La solidarité, le rêve et l’imagination. Ici, la fratrie s’efforce de reconstituer scènes et dialogues des milliers de films dont ils se sont abreuvés depuis toujours. Comme dirigés par un Michel Gondry de passage, ils rejouent joyeusement Reservoir dogs, Pulp fiction et The dark knight dans des costumes de carton-pâte, le regard tourné vers Gotham. Simple amusement ou vital exutoire ? Car derrière l’aspect ludique de leurs ébats se dissimule une violence rentrée mais bien présente. Tarantino, le Joker et Halloween les inspirent. La première fois que Mukunda se risque à l’extérieur du foyer, c’est en portant un masque à la Mike Myers, le psychopathe de John Carpenter. Il y a de quoi craindre pour la santé mentale de ces garçons dans une réalité construite cinématographiquement et où l’ennemi se veut intime. Leur père est une sorte de gourou insensé qui a choisi une mégalopole pour vivre en isolement, revendique d’être libre de toute philosophie et religion, alors qu’il (s’)impose des règles limitatives et, tout en se justifiant de protéger des autres sa progéniture, la confronte à son propre alcoolisme et à sa brutalité. Bien étrange donc que cette famille Angulo dont l’attitude nous laisse un peu à distance le regard plein d’interrogation au point de penser qu’un tel sujet aurait paradoxalement pu gagner en intensité par la fiction. Tous sont aujourd’hui devenus bon gré mal gré de vrais héros de cinéma.
Pensée du jour : le cinéma comme mode de survie.
6.5/10
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