12 jours France 2017 – 87min.

Critique du film

12 jours

Adrien Kuenzy
Critique du film: Adrien Kuenzy

Depuis 2013, les personnes hospitalisées de force en psychiatrie doivent dialoguer avec un juge dans un délai de douze jours afin de déterminer la poursuite ou non de l’internement. Un film puissant qui rend compte d’interactions souvent compliquées.

Le sujet paraît naturel pour le cinéaste Raymond Depardon qui a déjà réalisé des films autour de la psychiatrie (Urgences, San Clemente) et de la justice (10ème chambre, instants d’audiences). Avec 12 jours, le réalisateur délivre un film humaniste qui donne la parole aux patients tout juste internés à l’hôpital de Vinatier. « L’intérêt se situe dans les gens, des gens que l’on n’avait jamais vus, explique le cinéaste sous la plume de Caroline Stevan (Le Temps). L’absence de psychiatrie, qui joue pourtant un rôle capital, est l’autre élément qui m’a plu. Le patient s’exprime librement durant cinq à dix minutes. » La force du film réside en effet dans l’espace donné aux protagonistes : aucun commentaire extérieur ne vient diriger les échanges et le montage se réduit à de simples champs-contrechamps entre les juges et les patients. La longueur des plans est précieuse et permet une mise en lumière d’instants privilégiés, purement et simplement. Autour de cette forme radicale, le cinéaste use habilement de métaphores : le froideur des couloirs de l’hôpital est filmée lentement, presque de manière fantomatique, exprimant bien la dimension oppressive du lieu. Parallèlement, de nombreux plans extérieurs entrecoupent ponctuellement l’idée d’enfermement ; ils agissent comme des bouffées d’air frais, l’espoir d’un retour à la sérénité n’étant jamais très loin...

11.12.2017

4

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 6 ans

“Nid de coucous”

En France, il est stipulé qu’un juge doit vous recevoir dans un délai de 12 jours en cas d’hospitalisation forcée en psychiatrie. A lui de décider de la prolongation ou non de ce séjour contraint.

La caméra s’avance lentement dans les couloirs laissés vides. Bruits sourds et litanies plaintives percent le silence régnant. L’atmosphère y est pesante, glaciale, anxiogène. Des lieux hantés par des âmes errantes, en quête d’une liberté espérée. Des êtres cabossés par leur vie – toxicomanes, schizophrènes, dépressifs, suicidaires, criminels, victimes ou bourreaux – qui n’ont que peu de mots pour exprimer les maux. Assisté d’un avocat, ils font face à la loi et à son vocabulaire. Des juges plutôt bienveillants qui, sur la base du dossier médical, ont la charge de décider de ce qu’il convient pour la sécurité de chacun.

Raymond Depardon vole au-dessus de ce nid inaccessible. En entrouvrant la porte, il esquisse des portraits intimes et édifiants, photographies de la société actuelle. On s’autorise à sourire face à ce patient qui se présente comme une Trinité à lui tout seul. L’émotion pointe quand le même prie la magistrate de rassurer son père resté seul. On frémit en apprenant qu’il l’a tué dix ans plus tôt. Pas un monstre, mais un mélange de démence, de violence et de mal-être. Un autre, l’air désespéré, rappelle alors cette réalité : « Je suis fou, j’ai la folie d’un être humain ».

7/10Voir plus

Dernière modification il y a 6 ans


Dwarfy

il y a 6 ans

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