Petit paysan France 2017 – 90min.

Critique du film

Petit paysan

Théo Metais
Critique du film: Théo Metais

Pierre, la trentaine, est éleveur de vaches laitières. Sa vie s'organise autour de sa ferme, sa soeur vétérinaire et ses parents dont il a repris l'exploitation. Alors que les premiers cas d'une épidémie se déclarent en France, Pierre découvre que l'une de ses bêtes est infectée. Il ne peut se résoudre à perdre ses vaches. Il n'a rien d'autre et ira jusqu'au bout pour les sauver.

Émancipé d’un discours militant et pleurnichard sur la sévérité du monde paysan, Hubert Charuel pose un regard lucide et subtile sur une lourde réalité. Dans le rôle de Pierre, Swann Arlaud est impeccable, à la fois, élégant, touchant, poignant et inquiétant. Le duo qu’il forme avec sa soeur vétérinaire interprétée par Sara Giraudeau s’éloigne de la tradition franchouillarde du film social pour effleurer les frontières inattendues du thriller. Et c’est justement dans ce registre que le film deviendra surprenant.

L’épidémie qui frappe son élevage introduira une dramaturgie plus théâtrale; celle d’un homme foudroyé par le sort qui tentera de sauver sa peau. Une vache est contaminée, le principe de précaution s’impose et les autorités sanitaires s’acharnent. Il y a cette tension haletante et l’on oublie les pâturages pour suivre le chemin de croix d’un homme abattu. Swann Arlaud deviendra lui-même cette bête à terre, rongé par la honte et la culpabilité. Petit paysan n’est pas un simple film sur la condition paysanne, mais bien sur la condition humaine et la trivialité de l’existence. Chapeau bas aux acteurs Swann Arlaud et Sara Giraudeau qui servent l’histoire avec humanité. Hubert Charuel signe ici un très beau premier long-métrage qui nous laisse impatient du prochain tour de piste. En bref: bravo l'artiste !

28.08.2017

4

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Commentaires

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georges511

il y a 7 ans

Un film qui tire sur le documentaire tellement il est filmé brut de décoffrage.
Une claque monumentale .
Ne vous en privez pas ,s il vous plaît car ç est pkur ce genre de merveilles que j adoreeee le cinema😙


CineFiliK

il y a 7 ans

“Vaches sacrées”

Pierre se consacre corps et âme à son exploitation. Si bien que quand il découvre que l’une de ses vaches est atteinte par cette fièvre hémorragique qui se propage en Europe, menaçant d’abattage l’ensemble de son troupeau, il prend le risque de le cacher.

Il est 6 h 45 quand retentit le réveil énergique. Pierre peine à décoller ses paupières. Il se lève, chancelant, et se fraye tant bien que mal un passage à travers les génisses qui ont annexé sa chambre. Dans la cuisine, pensif, il sirote un café, en compagnie de l’une d’elles. La symbolique de ce rêve initial interpelle. La vie du petit paysan, incarné avec conviction par Swann Arlaud, est entièrement dictée par ses bêtes : foins, traite, vêlage nourrissent ses journées et ses nuits. La famille, les amis et les amours chronophages demeurent en marge. Quand le malheur est dans le pré, c’est ainsi toute son existence qui est en jeu. Le registre du film évolue alors. Du réalisme documenté – Hubert Charuel, fils d’agriculteur, aurait pu le devenir –, on effleure le thriller psychologique, voire le fantastique. Obsessionnel, le héros s’inquiète et le devient. Sa peau le démange. Pour tenter de s’en sortir, il lui faut mentir, voler, faire chanter sa sœur vétérinaire, se débarrasser de ses encombrants parents, intimider un témoin gênant, soudoyer la police et brûler les cadavres. On aurait aimé frémir davantage dans cette descente et en savoir plus sur les effets néfastes de ce virus imaginaire, rappel de l’encéphalopathie spongiforme bovine, qui pourrait s’attaquer à l’homme. Désirant peut-être éviter le piège du « vouloir tout dire tout de suite » tendu aux premiers films, le réalisateur préfère illustrer avec subtilité la réalité d’un monde rural à l’agonie, pilier essentiel de notre société.

7/10
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