Alpha Etats-Unis 2018 – 97min.

Critique du film

Alpha

Sven Papaux
Critique du film: Sven Papaux

Alpha prend sa source au milieu d’une nature luxuriante et rude. L’Europe il y a 20 000 ans, nous la découvrons à travers un jeune homme appelé à faire ses preuves auprès de sa tribu. Mais son premier test, la période de la « Grande Chasse », ne se passera pas comme prévu. Pire, il frôlera la mort. Mais le miraculé trouvera sur le chemin du retour un allié inattendu : un loup qu’il nommera Alpha...

La vie ne tient qu’à un fil. Pour Keda (Kodi Smit-McPhee), il doit sa survie à un petit rebord au milieu d’une paroi rocheuse aussi lisse que la paume d’une main. Laissé pour mort par sa tribu et son père (Tau - Johannes Haukur Johannesson), dévasté et inconsolable; l’apprenti-chasseur devra se débrouiller seul face à l’hostilité d’une nature encore vierge et immaculée de la moindre trace significative de l’homme. Les hommes, eux, se dirigent grâce aux traces laissées par leurs ancêtres et grâce au ciel étoilé. La nuit tombée, les étoiles s’alignent pour indiquer le chemin.

C’est ainsi que Keda va tenter de rebrousser chemin pour retrouver les siens. Le regard fixé vers le ciel, à déchiffrer le parchemin dessiné dans le cosmos par ses pairs. Le destin du jeune garçon va croiser celui d’un loup, blessé par Keda lui-même. Les deux éclopés vont un premier temps s’apprivoiser, avant de se lancer dans une aventure dangereuse et rafraîchissante, à explorer les immenses étendues d’un monde sauvage, à se sortir des faux pas que la nature leur tend. Des chutes à travers des lacs gelés, des orages d’une violence rare et des animaux affamés. La mort rôde. Le parcours est semé d’embûches.

Alpha n’a rien d’extraordinaire, spécialement quand on voit l’approximation de certains plans numériques qui balaient l’immensité des paysages. Mais le propos est avant tout humain et d’une réelle sincérité. Soulignons les messages sur le respect des aînés, la transmission de l’art de la chasse, ou l’art de la survie, entre un père et son fils. « Il ne pense pas avec sa lance, il pense avec son coeur », entend-on à plusieurs reprises de la bouche de Rho (Natassia Malthe), la mère de Keda. Des mots qui résonnent en toile de fond comme le réel propos désiré par Albert Hughes (Le Livre d’Eli, From Hell). Un métrage qui s’amorce comme une plongée à travers le caractère humain face à l’adversité, la beauté d’un langage silencieux entre un animal et un jeune garçon. Nul besoin de mettre des mots quand les émotions parlent d’elles-mêmes.

En bref !

Albert Hughes réussit à proposer une oeuvre authentique, légèrement tire-larmes, mais convenable dans sa forme générale. Alpha pêche dans son exécution peut-être trop ambitieuse. Le film manquera de substance et d'une vitalité nécessaire à une telle épopée. Toujours est-il que dans le sillage du talentueux Kodi Smit-McPhee (X-Men: Apocalypse, La Planète des Singes), captant parfaitement la naïveté de son personnage, l’odyssée de Keda remplit les critères du film d’aventure décent.

03.04.2024

3

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