Closing Time Allemagne, Suisse 2018 – 116min.
Critique du film
Closing Time
Nicole Vögele s’était distinguée avec l’intéressant Nebel, présenté en 2014 au festival de Locarno. C’était à nouveau à Locarno que la cinéaste suisse dévoilait Closing Time, un éloge de la lenteur, de la banalité de la vie.
Taiwan bouge sans cesse, jour et nuit. Ceux qui vivent dans la nuit, en perdent leur ombre, d’après une citation anonyme. Trois heures du matin pour entamer un long périple de deux heures. Trois heures du matin, Nicole Vögele en appelle aux esprits errants, à l’éveil spirituel, d’après la symbolique. Le restaurant situé sur Zhongzheng Road, appelé Little Plates with Rice, ne ferme jamais, ouvert 24h/24, tous les jours de la semaine. Des gestes qui se répètent et se figent dans le temps. On avance, mais à l’arrêt. Vögele suit un chien errant, un scootériste un peu agacé, et voilà qu’un typhon s’abat sur la ville. Les éléments naturels mélangés à la vie urbaine. Une ville qui ne dort jamais, le trafic routier reste présent en arrière-fond pour nous garder dans ce rythme infini.
La routine, le quotidien, les gestes répétés sont l’axe central du documentaire de Nicole Vögele. Les deux sujets choisis par la cinéaste, Kuo et Lin, sont les rouages d’un mécanisme qui endort, ennuie, irrite. Closing Time est une lente agonie, une errance au milieu d’une ville qui vit jour et nuit, où les clients du restaurant viennent manger pour tuer le temps. L’être humain au centre, la répétition comme une trouée désespérante à travers des existences désabusées. Pas un pas de côté, tout repose sur une ligne bien distincte, que Vögele tente d’adapter dans sa forme la plus réaliste possible. On tente de véritablement se fondre dans l’éternel recommencement, y voir une conséquence, un enjeu, mais tout cela n’atteint jamais une véritable expression profonde.En bref !
Vögele tombe dans les travers - durant sa fin de carrière - de Chantal Akerman. À la quête de la beauté répétitive, de la beauté routinière d’êtres humains. Closing Time cherche à nous rendre chaleureux le quotidien de deux personnes lambda, enfermés dans cette répétition lancinante. Les cuisines chauffent, les échanges sont brefs, le ciel fait pleuvoir des cordes, un chien esseulé sur une route déserte. Une tentative expérimentale de la lenteur qui divisera nécessairement un public non averti. Les attaques de paupières sont légion. Vous voilà prévenus.
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