Dogman France, Italie 2018 – 102min.

Critique du film

Un coup de poing qui a du chien

Alexandre Janowiak
Critique du film: Alexandre Janowiak

Après Gomorra en 2008, Reality en 2012 et Le conte des contes en 2015, Matteo Garrone était de retour sur la Croisette pour la quatrième fois consécutive avec Dogman. Reparti à deux reprises avec le Grand Prix cannois, cette fois c’est l’interprète principal de son film qui a été récompensé par le jury de Cate Blanchett.

Dans une banlieue déshéritée, Marcello (Marcello Fonte), toiletteur pour chiens discret et apprécié de tous, voit revenir de prison son ami Simoncino (Edoardo Pesce); un ancien boxeur accro à la cocaïne qui, très vite, rackette et brutalise le quartier. D’abord confiant, Marcello se laisse entraîner malgré lui dans une spirale criminelle.

Avec Dogman, Matteo Garrone revient à ses premières amours en retrouvant la force de son Gomorra, le film qui lui a fait pousser des ailes et a lancé durablement sa carrière dans le cinéma d’auteur italien et européen. Ici, il s’arrête à nouveau sur une cité défavorisée de l’Italie profonde. Cette banlieue située en bord de mer et aux airs d’apocalypse, le cinéaste italien la filme avec élégance et brutalité.

Inspirée d’un fait divers réel, l’histoire de Dogman est l’occasion pour Matteo Garrone de livrer une fresque sociale de son pays (et finalement du monde) particulièrement nihiliste. La photographie grisâtre se fait le miroir d’un quotidien difficile et de la misère ambiante qui pèse sur les épaules des habitants. Un moyen de dénoncer certaines formes du système italien certes, mais surtout de livrer une chronique puissante sur l’humanité et ses débordements. Ainsi, Matteo Garrone montre l’homme dans ce qu’il a de plus médiocre.

Cette allégorie de la société contemporaine devient alors une véritable fable macabre où il devient parfois difficile de distinguer le rêve de la réalité. Et dans son dernier mouvement, d’une brutalité et d’une noirceur sans égales et porté par une mise en scène étouffante, percutante et brute, Matteo Garrone finit d’ancrer le spectateur dans un enfer bel et bien réel à travers les décors funestes de cette banlieue.

Un conte moderne terriblement sombre qui doit une grande partie de son génie à la réalisation de Matteo Garrone évidemment. Cependant, c’est surtout la prestation incroyable de Marcello Fonte qui fait de Dogman une œuvre marquante tant sa silhouette affable et son regard paumé cachent toute la dépravation grandissante de l’être humain dénoncée par le réalisateur italien.

En bref ! Après son Conte des contes plutôt décevant, l'italien Matteo Garrone offre un nouveau long-métrage puissant, formellement dingue et d'une beauté absolue. Le scénario manque sans doute d’enjeux mais Dogman est un véritable coup de poing porté par l'interprétation splendide de Marcello Fonte.

15.02.2024

3.5

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 6 ans

« Les chiens »

Dans la banlieue de Rome, le gentil Marcello comble sa morne existence d’amour porté à sa fille et aux chiens qu’il toilette avec soin. Quelques petits trafics l’aident également au quotidien. Ce ne serait pas si mal sans l’opportunisme féroce de Simo, le molosse du quartier.

Il a vraiment la gueule de l’emploi ce Marcello Fonte, révélation cannoise. Yeux globuleux, nez aquilin et joues émaciées, l’acteur a tout d’un caniche nain chétif. Face au pitbull qui le malmène, il abaisse le museau. Jusqu’au moment si espéré, où il montre les crocs.

Dans un film récent, Samuel Benchetrit contait l’histoire d’un homme pathétique qui n’avait d’autre choix que de devenir un chien pour glaner l’affection des siens. Matteo Garrone lui préfère le clébard battu qui devient loup par la violence subie au quotidien. Basée sur des faits réels, l’histoire est attendue et les personnages déterminés par leur physique. Comme dans Gomorra, elle révèle un coin d’Italie délaissé par les touristes, la police et le divin.

6/10Voir plus

Dernière modification il y a 6 ans


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