First Man Etats-Unis 2018 – 141min.
Critique du film
First Man
Mostra de Venise 2018. Après avoir rejoint les étoiles hollywoodiennes en 2016 avec sa comédie musicale « La La Land », le réalisateur Damien Chazelle s'envole vers d'autres cieux avec son nouveau long-métrage : « First Man ». L'occasion pour lui de revenir à la Mostra de Venise, en compétition pour le Lion d'Or, et de retrouver Ryan Gosling, interprète de Neil Armstrong, devant la caméra.
Si son premier film, Guy and Madeline on a Park Bench, est totalement passé sous les radars du public (malgré des critiques très élogieuses), Damien Chazelle a connu le succès en 2014 avec son irrespirable Whiplash. Puis il confirme son talent de metteur en scène avec La La Land, lauréat de six oscars, et le jeune réalisateur devient la nouvelle coqueluche d'Hollywood.
L'Américain avait donc fort à faire avec First Man, une réussite qui permettrait de se hisser aux côtés des plus grands cinéastes actuels à seulement 33 ans, ou le risque de se voir déprécier en cas d'échec. Heureusement pour lui, ce long-métrage basé sur la biographie « First Man : The Life of Neil A. Armstrong » est une mission plus que réussie. Le biopic est un genre abondant au cinéma et use souvent d'un classicisme ennuyeux et agaçant. Damien Chazelle l'a bien compris avec First Man et ne tombe pas dans les pièges ordinaires. Le film se consacre à la vie de Neil Armstrong de 1961 à la fin Juillet 1969. Le cinéaste livre alors une palette immense de séquences à la Nasa et dans l'espace, tout en développant la vie familiale du futur héros américain sur Terre.
Sur la forme, Damien Chazelle se renouvelle pleinement. Caméra portée, son style est beaucoup plus brut que dans ses œuvres précédentes. Il s'amuse à ancrer le spectateur au plus près des astronautes et de leur isolement, des entraînements et missions de Neil Armstrong et use à plusieurs reprises de plans subjectifs qui provoquent une immersion absolue. Dans une interview accordée au Boston Globe, le scénariste Josh Singer assurait que le film serait à « 100% un film de mission à travers les yeux d'Armstrong ». Pas de doute au visionnage, First Man est une épopée épique ultra-spectaculaire dont la tension accroche à chaque instant, notamment lors des scènes d'action et ce, jusqu'à son ultime séquence lunaire saisissante. Un emballement visuel décuplé par le montage puissant de Tom Cross (oscarisé pour Whiplash) et sublimé par la superbe musique originale de Justin Hurtwitz (oscarisé pour La La Land). Une partition avec laquelle Damien Chazelle fera un discret clin d’œil au fameux ballet de 2001.
Damien Chazelle questionne épisodiquement l'intérêt de la conquête spatiale. À une époque préoccupante pour les populations minoritaires américaines, difficile d'expliquer pourquoi les élites du pays préféraient truster les étoiles que garder les pieds sur Terre. Mais surtout, Damien Chazelle étudie avec élégance la vie familiale de Neil Armstrong, parfaitement interprété par Ryan Gosling. De son rôle de père, souvent absent, à la perte prématurée de sa fille ; de sa détermination et sa solitude à sa relation mouvementée avec sa femme (Claire Foy est impressionnante), Neil Armstrong est analysé sous tous les angles. Une nouvelle fois, Damien Chazelle s'interroge inexorablement sur le bonheur d'une vie de couple et l’épanouissement professionnel. Alors que les deux paraissent incompatibles dans les conclusions de ses derniers films, il semble dans First Man, que le réalisateur se soit réconcilié avec la question. Le signe d'un nouveau tournant pour le cinéaste ?
En bref !
First Man est une aventure absolument épique, aux scènes d'action angoissantes, profondément immersives, portées par une mise en scène spectaculaire et une photographie intemporelle. Enfin, le réalisateur propose une analyse psychologique familiale profonde et une œuvre qui évite les écueils du biopic ordinaire.
Votre note
Commentaires
Quand un réalisateur confond secouer la caméra avec mise en scène cela donne un film archi-nul !
seules les scènes de décollage sont réussies.......
Séduisant à priori, décevant finalement, fatalement (comme toujours avec Damien Chazelle).
Film hyper immersif, mais trop à mon goût. On se fait secouer trop longtemps avec les astronautes dans leur capsule, la caméra à l'épaule tout le temps et partout donne certes du rythme (entrecoupé par des longs moments de silence de Gosling), mais finit par lasser.
Si Neil Armstrong était aussi froid que l'incarne Ryan Gosling, alors chapeau, le film mérite une 4ème ou une 5ème étoile.
J'en garde cependant le sentiment d'une certaine lenteur. Film qui restera cependant, mais qui m'a moins marqué et plu qu'Apollo 13… Voir plus
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