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Je ne te voyais pas Suisse 2018 – 75min.

Critique du film

Plaidoyer pour la justice restaurative

Clélia Godel
Critique du film: Clélia Godel

Écrit et réalisé par le cinéaste suisse François Kohler, le documentaire Je ne te voyais pas s’intéresse à la justice restaurative qui privilégie la rencontre et le dialogue entre les victimes et les auteurs des crimes. Une médiation constructive et bénéfique qui cherche encore une base légale en Suisse.

En se focalisant principalement sur les auteurs des crimes, la justice pénale en oublie parfois les victimes qui ont besoin de se reconstruire après avoir été confrontées à des actes violents et traumatisants. Déjà en vigueur en Belgique mais peinant à s’installer en Suisse, le programme de médiation de justice restaurative tente d’instaurer un dialogue entre les victimes et les auteurs, dans l’espoir que les premières puissent reprendre le contrôle de leurs vies, et que les seconds soient confrontés à leurs responsabilités.

Construit autour de divers entretiens, le documentaire de François Kohler fait un tour d’horizon des bienfaits de la justice restaurative. Le réalisateur jongle ainsi entre les récits des victimes et ceux des auteurs, qui donnent leur point de vue concernant ce programme de médiation. Certains ont réussi à tirer un trait sur leur épreuve, tandis que d’autres ont profité de ces échanges pour devenir médiateur à leur tour.

Il est vrai qu’au premier abord, comme le pensent certaines victimes, on pourrait être réfractaire à cette solution et croire que les agresseurs se lancent dans ce programme uniquement pour réduire leur peine. Mais la sincérité qui se dégage des témoignages semble difficilement contestable. Les moments les plus marquants et émouvants restent bien entendu les récits des victimes qui relatent dans les détails les traumatismes qu’elles ont vécus. Ces témoignages aboutissent notamment à une confrontation directe en fin de long-métrage entre une victime et un auteur, vingt-deux ans après les faits, donnant lieu à une réflexion intéressante et très touchante.

S’il s’éparpille parfois dans la temporalité des faits, le documentaire a au moins le mérite de donner une vision globale de ce programme en montrant les différentes étapes qui le composent (avant, pendant et après les entretiens). Mais surtout, François Kohler a choisi de terminer sur une note d’espoir, en dehors des murs, qui valorise ainsi ces dialogues. Après tout, les victimes partagent toutes la même volonté: faire en sorte que les auteurs, lorsqu’ils seront à nouveau libres, ne récidivent pas. Cela constituerait leur plus grande victoire.

En bref!

En filmant avec beaucoup de pudeur ces rencontres de médiation carcérale, François Kohler livre un documentaire rempli de sincérité et d’espoir qui démontre les aspects positifs de cette justice restaurative.



01.07.2020

3.5

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Commentaires

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camille_perdep

il y a 4 ans

Un film poignant!


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