The House That Jack Built Danemark, France, Allemagne, Suède 2018 – 152min.
Critique du film
Un retour cannois cynique et violent pour Lars Von Trier
Alors qu'il présentait son sublime Melancholia en 2012 à Cannes et que le long-métrage était devenu l'un des favoris à la Palme, Lars Von Trier avait créé la polémique en conférence de presse en disant « comprendre Htiler ». Devenu Persona non grata du festival pendant sept ans, la sanction a été levée par le comité cannois pour accueillir de nouveau le Danois cette année sur la Croisette en hors-compétition.
Avec The House That Jack Built, le grand Lars Von Trier offre un film au niveau de ses plus grandes œuvres. Loin de son diptyque sexuelle raté Nymphomaniac, son nouveau long-métrage est une très grande réussite à de nombreux niveaux.
Présenté comme « son film le plus violent et le plus brutal » par le réalisateur danois lui même, The House That Jack Built brusque par sa barbarie et sa cruauté dans certaines séquences de mutilations très rudes. Pourtant, la sauvagerie du serial killer n'est pas ce qui marque en profondeur dans le long-métrage bien au contraire.Loin d'être une simple succession de séquences meurtrières, le nouveau film de Lars Von Trier est aussi une comédie noire, profondément cynique et souvent hilarante. Étonnamment, il y a donc quelque chose d'extrêmement marrant dans ce nouveau long-métrage brutal. L'étourdissante cruauté et l'esprit perché du personnage principal amènent à des séquences totalement délirantes où il est impossible de savoir si les spectateurs rient nerveusement ou de bon cœur devant la folie du serial killer.
Au-delà de cet aspect comique inattendu, le film, porté par un formidable Matt Dillon totalement possédé, propose aussi une réflexion sur l'art jusqu'à livrer un épilogue totalement dément composé de panneaux artistiques splendides magnifiées par la photographie de Manuel Alberto Claro.
The House That Jack Built parle aussi de l'existence, des symboles, des icônes et surtout de Lars Von Trier lui-même. En effet, le cinéaste parle de lui et de son art à travers le regard de son serial killer Jack. Ses propos prennent cependant un tournant trop provocateur en milieu de film et outre sa violence, loin d'être si choquante, c'est sans doute le passage sur Hitler qui a condamné son œuvre à ne pas concourir pour la Palme.
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Commentaires
« Danish psycho »
Dans la pénombre, Jack se confesse à un homme mystérieux appelé Verge. Tueur en série, il lui raconte 5 « incidents » parmi les nombreux qui ont émaillé une longue carrière.
Le crime peut-il s’élever au rang de l’art ? Le mal est-il devenu iconique ? Lars von Trier attise le feu et prend un malin plaisir à se brûler les ailes. La violence répétée choquera les âmes les plus sensibles. Femmes, enfants, seins et canetons ne s’en sortiront pas. Même le Père Noël a droit à une petite lame. Mais l’humour et le grotesque, toujours présents, désamorcent le pire. C’est arrivé près de chez vous ? Cela arrive aussi au Danemark.
Jack – divinement incarné par le phœnix Matt Dillon – n’est autre que le double négatif du cinéaste. Toqué et cynique, il se rêve architecte et entasse les cadavres pour construire une maison à sa gloire, comme d’autres multiplient les films dans l’espoir d’édifier un panthéon. « Faaaaame » scande David Bowie encore et encore. Bêtement inefficace, la police s’avère incapable de l’arrêter, à l’image des critiques les plus acerbes et réfractaires. Le discours semble limpide. Il intéresse, amuse, mais lasse au final par ses redites et provocations inutiles. Qu’il soit de Dante ou du Danois, l’Enfer demeure toujours pavé de bonnes intentions.
6/10… Voir plus
Dernière modification il y a 5 ans
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