Les frères Sisters France, Roumanie, Espagne, Etats-Unis 2018 – 121min.

Critique du film

Un western sombre et enflammé

Alexandre Janowiak
Critique du film: Alexandre Janowiak

Après avoir remporté la Palme d'Or avec son dernier film Dheepan, Jacques Audiard était attendu sur la Croisette pour son premier film américain : Les Frères Sisters. Porté par son quatuor de folie John C. Reilly, Joaquin Phoenix, Jake Gyllenhaal et Riz Ahmed, le long-métrage a finalement terminé sa course à la Mostra de Venise où il a remporté le prix de la mise en scène.

Charlie et Elie Sisters évoluent dans un monde sauvage et hostile, ils ont du sang sur les mains : celui de criminels, celui d'innocents... Ils n'éprouvent aucun état d'âme à tuer. C'est leur métier. Ils sont engagés par le Commodore pour rechercher et tuer un homme. De l'Oregon à la Californie, une traque implacable commence.

Les Frères Sisters s'ouvre au milieu des coups de feux. Deux camps s'affrontent dans la nuit profonde du Far West avant qu'un immense brasier vienne illuminer les lieux et révèle un massacre sanglant. Dès ses premiers instants, le film de Jacques Audiard est d'une noirceur abyssale. Les deux hommes de main parfaitement interprétés par John C. Reilly et Joaquin Phoenix semblent dénués de cœur et d'âme, et pourtant... Au fil du récit, le western américain du réalisateur d'Un Prophète va devenir une véritable quête existentielle touchante et émouvante.

Alors qu'une traque lente et minutieuse s'opère entre les chasseurs et les chassés (joli duo Gyllenhaal-Ahmed), les multiples rencontres des deux frères et leurs visions discordantes du monde vont les amener à évoluer. Loin des sombres plaines désertiques ou des bars miteux, les personnages côtoient des lieux plus éclairés, plus civilisés et plus dorés (incroyable reconstitution de San Francisco). Des décors magnifiés par la photographie du belge Benoît Debie qui vont transformer l'épopée du départ. Ainsi, la traque intransigeante devient l'occasion de revoir les priorités du duo (puis du quatuor) et de métamorphoser l'ensemble de l'histoire.

Une parfaite manière de lier la brutalité du Far West à la mélancolie sous-jacente des personnages pour délivrer une grande fraternité. Lors de son grand final, Les Frères Sisters n'est plus seulement un film dur et sombre, il mêle admirablement quantité d'émotions et de sensations, l'écriture de Thomas Bidegain en faisant une aventure drôle et touchante, sombre et enflammée, pétaradante et douce. En somme, l'histoire d'une vie où des hommes à l'apparente froideur ou dénués d'émoi se révèlent finalement de grands enfants en quête d'amour et de reconnaissance.

15.05.2019

4

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Commentaires

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vincenzobino

il y a 6 ans

3.5: Les prophètes du far-west
Ellie et Charlie Sisters sont des tueurs à gage mercenaires: leur prochaine cible est Herman, un chercheur d'or. John Norris, qui l'accompagne est lui aussi intéressé par cette quête aurifère en cette année 1863. Comment tout ce petit monde va-t-il pouvoir entrer dans l'ère moderne, celle de la richesse cachée?
La voici donc cette première expérience hollywoodienne du prophète Audiard. Après nous avoir offert deux westerns urbains récompensés sur la Croisette, il était dès lors plus que logique que son baptême de l'air outre Atlantique constitue un hommage aux westerns de Ford et autre Hathaway. Hommage en demi-teinte pour ma part.
La première heure et demie est irréprochable : des têtes brûlées comme on aime en voir si l'on est accro du western; des prises de vues et décors naturels de toute beauté, une satire assez féroce sur l'Amerique du XIXème siècle et une non-recherche scénique qui convient à merveille, sitôt une fois la véritable histoire et Genèse de cette fratrie connue.
Mais, malheureusement, le déroulé se fige quelque peu sur son dernier tiers: une assez surprenante volte-face, symbole peut-être d'une Amérique moderne version XXIème siècle, auréolée d'une assez étrange issue pour deux des protagonistes et d'une dernière scène en totale rupture avec le reste.
C'est certes magnifiquement filmé mais il manque cette petite étincelle pour ressentir ce feu intérieur nous envoûtant, et ce malgré de parfaites performances, tout spécialement Phœnix impeccable.
Se laisse néanmoins voir...Voir plus


CineFiliK

il y a 6 ans

« Even cowboys get the blues »

Aux ordres du Commodore, Charlie et son frère Eli poursuivent un certain Warm, alchimiste capable de faire jaillir l’or des rivières. Dans leur quête, ils sont aidés par Morris, un détective privé, éclaireur éclairé.

Des coups de feu lacèrent le noir de la nuit, avant que les flammes de l’enfer n’achèvent bien les chevaux. Devant cette impitoyable violence, même les cow-boys les plus solitaires éprouvent des états d’âme. Tuer n’est pas jouer. Charlie, l’aîné, doute. Il rêve de rentrer à la maison, se fourrer dans les doux jupons de Maman. « Ô mon frère, où vas-tu ? », pourrait lui rétorquer son cadet, plus autoritaire, lui rappelant la folie paternelle qui coule dans leurs veines. Et toutes ces richesses si proches qu’elles leur brûlent les mains.

Jacques Audiard entame sa conquête de l’Ouest en imposant sa touche au western, symbole américain par excellence. De quoi désarçonner un temps son spectateur avant de le convaincre. Si l’on échange des balles, c’est autant que des mots. Tourné en Espagne, il nous montre la mer au détour d’un sentier. Sa chasse à l’homme devient une chasse à l’humanité. Un parcours initiatique aux couleurs d’un conte, une odyssée mythologique sur les prémices d’un monde en devenir, qu’il dédie en toute fin… à son frère disparu.

6.5/10
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Eric2017

il y a 6 ans

Un western à la française avec une belle distribution. Néanmoins, pour moi, ça n'a pas suffit à me passionner. Une ambiance lente à la Sergio Leone (sauf que là je me suis ennuyé par un manque total de rythme), des séquences courtes et des dialogues très, très léger. Certes, il y a une histoire, mais qui ne nécessite absolument pas d'en faire un film de 120 minutes. De beaux paysages mais à aucun moment je n'ai été emporté par cette histoire. (F-19.09.18)Voir plus


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