Annabelle Comes Home Etats-Unis 2019 – 110min.

Critique du film

Annabelle, poupée démoniaque, cherche âme sensible pour partager la mort

Théo Metais
Critique du film: Théo Metais

La saga Conjuring accueille son petit dernier, Annabelle Comes Home. Quasiment devenue l'emblème de la saga, la poupée n’en finit pas de chercher une âme.

Nous voilà en 1971, chez le couple Ed et Lorraine Warren. Après les événements chronologiques de Annabelle et The Conjuring, la poupée Annabelle est au chaud d’une vitrine, emmitouflée derrière la sainteté d’un cadenas. Mais alors que leur fille Judy (Mckenna Grace) est gardée par Mary (Madison Iseman), une amie de passage (Katie Sarife) s’aventure au sous-sol et ouvre malgré elle la boîte de Pandore des démonologues. Annabelle est libérée!

Dans sa cloche de verre, prisonnière de la bénédiction d’un prêtre, voilà quelque temps déjà qu’Annabelle marmonne sa vengeance. Avec Gary Dauberman à la barre des hostilités, Annabelle Comes Home se pare d’emblée d’une cape à la John Carpenter. La blondeur et le rôle de babysitter de Madison Iseman nous ramène évidemment au Halloween de 1978. L’actrice, dont la performance restera certainement moins emblématique que celle de Jamie Lee Curtis, s’embaume pourtant d’un même sang-froid et d’une jeunesse similaire. Ici la chose est replacée dans un écrin à la Blumhouse, ambiance teenage (le couple Warren est très secondaire), un slasher assez léger mais efficace. Annabelle prépare son Armageddon et vous réserve quelques soubresauts bien sentis.

Alors que Mady (Madison Iseman) pâtisse un gâteau d'anniversaire pour Judy Warren (Mckenna Grace), la jeune Daniela (Katie Sarife) s’invite au goûter. Mais alors, poussée par les rumeurs du monde, Daniela se procure les clés et pénètre dans le bestiaire des horreurs. Seule, voilà l’occasion idéale pour toucher à littéralement tous les objets de la pièce jusqu’à la libération de l'inarrêtable poupée chérie de la saga. Dans son sillage se glisse le drame familial qui lacère l’existence de Daniela. Alors la pièce matérialise cet inconscient encrassé par une suie de hontes et de remords. Annabelle devient la «monstruosification» d’une culpabilité maladive, et le long-métrage de Gary Dauberman nous dresse une large métaphore sur le deuil. Pas si teenage que ça!

Les remords, le deuil, la culpabilité, des thématiques déjà au coeur du dernier The Curse of La Llorona. Ici, la poupée Annabelle se veut l’incarnation démoniaque d’une adolescence moisie par l’expérience de la mort. Dans son chemin de croix, Katie Sarife s’offre quelques belles séquences en solo, Mckenna Grace aussi, Madison Iseman, elle, un brin moins convaincante tant son rôle manquera sans doute un peu de matière. Certes, la mise en scène laissera l’impression d’avoir recyclé les bonnes idées des volets précédents. On pense, par exemple, à la première apparition, lorsque l’ombre gambade sur les quatre murs d’une pièce, déjà la scène de la révélation dans The Nun (si si, souvenez-vous, elle jaillissait après derrière le tableau). Gary Dauberman n’en finit plus de nous caler du suspens dans les angles morts de sa caméra. Des jump-scares efficaces, même si parfois un peu longuets. La machinerie est huilée et vous fait sursauter, certes, mais c’est ailleurs qu’Annabelle vous accroche les tripes.

En bref!

Petit à petit, la saga Conjuring se démarque et trouve sa place parmi les actuels univers étendus. Annabelle Comes Home nous replonge dans un cinéma d’horreur, certes gentillet, mais conscient des tragédies humaines. Sous ses airs teenages, le premier métrage de Gary Dauberman réserve quelques belles surprises.

09.07.2019

3

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