Au nom de la terre Belgique, France 2019 – 103min.
Critique du film
Tragique destin agricole
En adaptant sa propre histoire et son propre documentaire (Les Fils de la terre) transformé en fiction, Edouard Bergeon choisit Guillaume Canet pour incarner son défunt père, paysan poussé à bout dans Au Nom de la terre.
Pierre Jarjeau (Guillaume Canet) rentre du Wyoming, à 25 ans, tout pimpant et prêt à faire tourner la ferme familiale. À son retour il retrouve Claire (Veerle Baetens) et tout parait si beau, l’avenir semble radieux. Mais voilà 20 ans plus tard, il faut voir plus grand, agrandir l’exploitation coûte que coûte. La technologie vient toquer à la porte des paysans avec son lot d’inconvénients. Les dettes commencent à être abyssales et Pierre s’épuise au travail: il perd pied. Dans sa spirale infernale, il entraîne femme et enfants.
Il y a des sujets inattaquables, comme l’histoire contée par le fils d’un paternel qui flanche après de nombreuses tentatives pour garder la tête hors de l’eau. Difficile de toucher au film quand il porte regard d’un fils endeuillé par la mort de son père. Au Nom de la terre sera de cette trempe, un film profondément sincère, mais à la cinématographie bancale. Son histoire, Edouard Bergeon en parle avec sensibilité, retraverse les jours heureux et les peines indélébiles. Mais quand l’écriture ne suit pas, quand il y a un manque d’intensité dans la mise en scène pour une histoire de cette ampleur, il y a quelque chose à redire. Manque-t-il d’une réelle retenue ou d’une vision extérieure à l’histoire originelle? Peut-être. Rien que la première séquence ne s’emboîte pas dans le récit, déposée de manière maladroite, sans véritablement donner sens: la démarche lasse d’un homme au crâne dégarni, avançant dans les champs labourés, avant de revenir des années plus tard, là où Pierre débarque de son Wyoming adoré.
Au Nom de la terre est une ode à la dignité, à l’extrême difficulté des agriculteurs poussés à bout par les coopératives; jusqu’au suicide. De ce postulat, la cause est noble, belle, sincère et émouvante, mais l’exécution - cette fichue mise en scène - et l’approche, sont coupables de faiblesses qui sautent aux yeux. Et Canet d’essayer de sauver les apparences, parfois lui-même un peu lourd dans son jeu. Il manque une inspiration, un pas de côté, un souffle qui vous embarque dans une saga familiale au dénouement assurément tragique. Mais la force émotionnelle qui devrait s’accompagner d’une telle destinée ne trouve jamais son acmé, pire elle sonne comme superficielle.En bref!
Un sujet poignant, sincère et réaliste qui profite à un Guillaume Canet intéressant. Néanmoins, la liste des points positifs d’Au Nom de la terre restera maigre.
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Commentaires
Cette critique de Sven papaux est typiquement celle d'un bobo qui n'a certainement jamais tater le cul d'une vache et qui chope des ampoules à la seule vue d'un manche de pioche. Son manque d'empathie à l'égard dun monde paysan que ce film tente magnifiquement bien de restituer est deshonorant pour son auteur. Même si ma remarque provient de ce qu'il appelle probablement un plouc !… Voir plus
Bonjour,
Comme cité dans la critique, il y a des sujets presque inattaquables. Bien que je sois sensible au destin tragique du père d'Edouard Bergeon, je ne fais qu'émettre une analyse sur le film en lui-même, l'objet dit cinématographique. Aussi, au risque de déboulonner vos conclusions hâtives, je suis au contact du milieu paysan depuis belle lurette et par conséquent je ne considère pas les travailleurs agricoles comme des "ploucs". Encore une fois, je m'attarde sur le film et sa mise en scène, et non au sujet - il faut être courageux de revivre le suicide de son père.
Relisez bien mon "En bref".
Bien à vous,
Sven P.… Voir plus
Dernière modification il y a 5 ans
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