Pokémon : Détective Pikachu Japon, Etats-Unis 2019 – 104min.

Critique du film

Une fable jeunesse de dimanche matin

Théo Metais
Critique du film: Théo Metais

Qui l’eût cru ? Le furby jaune à l’humeur de centrale électrique est promu détective. Un nouveau Sherlock rôde en ville, Ryme City n’a qu’à bien se tenir. Après la fièvre « Pokémon Go », nous connaissions les bestioles pour la puissance de leur coming back. Ici le passage à l’écran est signé Rob Letterman avec la participation de Ryan Reynolds. Inattendu et cruellement décevant.

Alors qu’il apprend la disparition suspecte de son père détective, le jeune Tim Goodman (Justice Smith) se rend à Ryme City pour découvrir la vérité. Métropole londonienne, où vivent en harmonie les Pokémons et les êtres humains, la ville est un bourbier qui réserve bien des surprises. La première sans doute, la découverte de l’équipier de son père, un Pikachu chapeauté à la Sherlock, lui aussi orphelin depuis la disparition d’Harry Goodman. Dès lors, le binôme mène l’enquête.

Développé par Game Freak sous la direction de Satoshi Tajiri en 1996, la déferlante Pokémon commençait il y a plus de 20 ans sur Game Boy au Japon. Devenu un phénomène générationnel planétaire, aussi adulé que censuré pour ses connotations religieuses éventuelles, Pokémon et Pikachu traversent les décennies comme deux pop stars. Alors que Nintendo mijote la huitième génération sur la console Switch, le développeur Niantic, né chez Google, transposait le phénomène dans un univers de réalité virtuelle avec « Pokémon Go », et le jeu vidéo est, depuis toujours, l’éclosion d’une innovation technologique majeure.

C’est donc peu dire que l’adaptation de Rob Letterman est bien en deçà des ambitions qui ont propulsé le mythe jusqu’en 2019. Vendue en live-action, si la renaissance de Pikachu est mignonne, elle n’en reste pas moins qu’un delirium pondu dans un fortune cookie de vidéothèque. Sorte de digestion superficielle des apparats de la SF et du cinéma fantastique de ces 30/40 dernières années ; on verra du Blade Runner, du Superman, du Avatar, du Inception, du Seven, sous un dégorgement de néons, car c’est bien connu : buildings + néons = métropole dystopique.

Avec le trublion Ryan Reynolds, Pokémon Détective Pikachu semblait vouloir convaincre les fans d’autrefois, devenus adultes mais toujours un peu geeks et donc fans de Deadpool. Décevant sur ce point, Pikachu semble désormais s’adresser à leurs enfants peut-être, cette nouvelle génération (en bas âge / jeune ado) à qui s’étaient adressés les précédents Shark Tale et Monsters vs. Aliens de Rob Letterman. Le long-métrage nous parle d’écologie, de manipulation génétique, d'entraide et de vivre ensemble. Aussi simplifiées soient les équations, Pokémon Détective Pikachu porte des valeurs légitimes, mais qui semblent être devenues les standards récurrents des fables jeunesse.

Empruntant à la culture manga et à son pendant comic américain, Pokémon Détective Pikachu manquera d’authenticité, d’avant-gardisme et d’inventivité. Enfin, si les Pokémon étaient neutres de genre et assexués du fait de leur quasi mutisme, voilà que Pikachu parle aujourd’hui d’une voix ... d’homme. Discutable, la fantaisie du duo Reynolds / Letterman supprime à la légende « Pikamon » l’une de ses caractéristiques fondamentales. Alors facilité scénaristique innocente ou réel pas en arrière ? La question reste grand ouverte.

En bref !

Un énième produit dérivé avec en tête de gondole Ryan Reynolds. Pur produit d’une industrie qui recycle (et/ou aseptise) les icônes du passé, Pokémon Détective Pikachu est un dessin-animé de dimanche matin qui profite néanmoins du fort capital sympathie de la peluche.

09.07.2019

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Commentaires

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Eric2017

il y a 5 ans

Il n'y a rien à dire sur ce film tant l'histoire est vraiment pas fameuse. Je ne connaissais pas du tout l'univers des Pokemon, c'est fait. Une fois mais pas deux. (F-08.05.19)


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