L' occident impie Suisse 2019 – 71min.
Critique du film
Une poésie noire et étrange qui interroge l’Europe
Après Welcome to Iceland (2016), une comédie noire tournée en Islande qui contait avec absurdité et bizarrerie une vie en communauté forcée, le réalisateur suisse Félix Tissi propose son nouveau long-métrage. Occident Impie est un essai cinématographique «pieux et blasphématoire» (selon les mots du réalisateur) qui questionne l’Europe.
L’Europe est-elle vraiment un endroit? Ne serait-elle pas simplement une idée? Une idée faite d’horreurs autant que de merveilles, de sang autant que de trésors. L’Europe, sous les traits d’une jeune femme voyage sur ses propres terres en quête d’identité. Moralement essoufflée, elle s’adresse à Dieu, lui pose des questions rhétoriques et développe un essai autour de son silence.
Les images grandioses et claustrophobiques de Felix Tissi éclairent avec une puissance inouïe les violences passées et les dérives actuelles du vieux continent. L’Europe telle qu’on la côtoie n’est qu’une arme de destruction massive qui règne sans partage sur le monde. Malgré quelques raccourcis historiques faciles et attendus, c’est sans partage et sans compromis que L’Occident Impie s’attaque aux maux et de nos sociétés et aux limites du système. Masculinité toxique, décisions protectionnistes, société du déchet… L’homme moderne s’épuise. Il voit sa morale se déliter dans ses mains et assiste à la décrépitude de ses propres créations.
Dieu est le fil rouge de ce cette peinture à charge. Dieu n’est qu’un prétexte, une idée qui a aidé à la création du continent puis qui l’a délaissé. Ne reste plus alors que des églises vides et des les hommes qui se transforment en despotes alors qu’ils jouent à être Dieu. C’est avec une lenteur électrique que Felix Tissi ponctue son essai d’images urbaines, vernaculaires et symboliques. C’est lentement qu’il dresse un portrait romantique et contemporain de l’Europe: ruines antiques et stations d’autoroutes, décharges à ciel ouvert et horizons pollués, reconstitutions historiques, images de camps d’extermination et de boîtes de nuit…
Dans l’agressivité de sa bande son, on retrouve l’agressivité de l’homme pour le monde, la nature et lui-même. Des sons métalliques et d’autres naturels sont rehaussés de musiques stressantes et envoûtantes, de cantiques chantés à l’unissons. Ambiances sonores et visuelles travaillent ensemble à créer une peinture douce amère d’une Europe fatiguée, en quête de sens. (L’)Europe fait son introspection dans Occident Impie. En quête de sens, elle ère sur son territoire de Berlin à Naples, Kiev à Athènes ou encore Londres à Marseille.En bref!
Ses images décousues et ses questionnements à charge trouvent progressivement des réponses et avancent inéluctablement vers son final. L’essai de Felix Tissi a un fort parti pris politique. En interpellant un Dieu absent, il propose une poésie sombre et saisissante émaillée de vérités troublantes.
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