Judy Royaume-Uni 2019 – 118min.

Critique du film

Quelque part parmi l’histoire

Théo Metais
Critique du film: Théo Metais

L’excellente Renée Zellweger accordée à la vision du réalisateur Rupert Goold, Judy est de ces biopics si convoités; une icône un jour, en proie à la gloire, l’autre aux enfers de l’oubli. Quelques jours dans la vie d’une Judy Garland épuisée, une série de concerts à Londres pour dévoiler la tragi-comédie de son existence, Renée Zellweger est époustouflante.

À l’hiver 1968, les années sont passées et Judy Garland (Renée Zellweger) s’envole à son grand dam pour Londres afin de donner une série de concerts à guichets fermés. Celle-là même qui, depuis ses débuts dans Le Magicien d'Oz ne connait plus rien d’autres que le spectacle, s'attelle à sa tournée tête baissée, fauchée, quittant à contrecœur ses enfants restés aux États-Unis, dans l’espoir de faire revivre sa carrière. À 47 ans, la star est épuisée, et sa rencontre avec le musicien Mickey (Finn Wittrock) pourrait bien lui redonner une lueur d’espoir. Une accalmie au souffle court, car bientôt ses désagréments avec son manager, sa santé et ses souvenirs d’enfance pourraient bien compromettre son come-back.

En ouverture, nous croiserons la jeune Judy déambulant dans les dédales de décors du Magicien d'Oz, et puis un interlude à demi-mots avec Louis B. Mayer, une discussion privée, un brin trop paternaliste. Le ton est donné, au pays des faux-semblants, Judy Garland est devenue l’arlequin idéal pour divertir les foules, à la botte d’un père et des productions. L’enfant star de la MGM est devenu un pur produit de divertissement; privée de son discernement, Judy aurait oublié de vivre.

L’histoire reprendra à l’aube d’un divorce et de cette tournée londonienne en 68 qu’elle sera contrainte d’accepter pour réunir l’argent qui lui permettra de, peut-être, obtenir la garde de ses enfants, et le paradoxe Judy Garland s’offre avec douleur, fuir sa progéniture pour amasser l’argent qui lui permettra de les élever. Loyale, contrainte par les créanciers et parée de son glam légendaire, il lui faudra gravir l’Olympe pour accomplir son rêve de mère. La plus grande star du monde accepte, quelques concerts, une pacotille pensera-t-on; mais au cirque Garland se chamaillent la dépression, l’alcool, les pilules, les persiffleurs, les walkyries et même la promesse d’un nouveau mariage.

Le parcours d’une icône (quasi religieuse), une destinée de rock-star, adulée et bafouée, enfouie dans une solitude insoutenable; son Oscar s’en porte aujourd’hui garant, la performance de Renée Zellweger est impressionnante, d’autant plus touchante quand, entre les lignes, l’actrice de Chicago et Cold Mountain raconte aussi son histoire. Une interprétation d’une précision immédiate, sur la corde raide; mangée de ses mimiques et d’un sourire de verre, la tragi-comédie Garland résonne jusque dans l'interprétation de son actrice, aux portes de la caricature, tout simplement juste quand elle n’est pas bouleversante. Il faudra noter la parenthèse au piano chez le couple de fans prodigieusement portraituré par Daniel Cerqueira et Andy Nyman. Judy de Rupert Goold, rend aussi hommage à celles et ceux que la star a inspiré.

Et puis la maestria de Judy s’arrêterait presque à la performance de son actrice. Judy coche les cases d’un (bon) métrage musical. De ses mouvements de caméra effrénés dans les coulisses des concerts, à la richesse de ses moments intimes, Rupert Goold signe un travail visuel et scénaristique soigné, mais qui jamais ne s’envole au-delà de son exposé. Un biopic composé sur une tranche de vie et quelques concerts qui manqueront peut-être un peu de vertige. Renée Zellweger y reste néanmoins admirable.

En bref!

Hasard de calendrier, après Bohemian Rhapsody et Rocket Man, la facture de Judy se compare à ses prédécesseurs et se pose certainement un peu en marge. Pourtant, il reste la tragédienne Renée Zellweger pour porter avec force la vie de Judy Garland à l’écran.

26.02.2020

3.5

Votre note

Commentaires

Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.

Login & Enregistrement

CineFiliK

il y a 4 ans

“L’étoile filante”

En 1968, l’aura de Judy Garland s’est pratiquement éteinte aux États-Unis. Acculée, la star hollywoodienne finit par accepter de quitter sa famille pour une série de concerts donnés à Londres.

Au-delà de l’arc-en-ciel se dissimule une sombre réalité. Sur scène depuis l’âge de 2 ans, la petite fiancée de l’Amérique n’est plus qu’une ombre triste, un pantin désarticulé de 47 ans. Endettée, alcoolique et accroc aux médicaments qu’on lui a fait avaler depuis toujours, sa voix d’or s’est éraillée. Et c’est aujourd’hui pour la garde de ses deux plus jeunes enfants qu’elle se tient encore debout sous les projecteurs. Mais à quel prix ?

Le film raconte sans grand génie la tragédie de cette étoile filante à l’enfance volée. Il repose essentiellement sur la performance de Renée Zellweger, saluée à maintes reprises. L’actrice s’efface et semble retranscrire avec exactitude les mimiques excessives de la diva. Un travail virtuose, mais qui ne gagne en émotion que quand elle prend le micro pour chanter ou lorsque, en manque d’affection, elle s’invite chez deux de ses plus fidèles admirateurs. Loin des strass et des paillettes, l’icône malmenée redevient alors une femme simple et tendre.

6/10Voir plus

Dernière modification il y a 4 ans


Eric2017

il y a 4 ans

Dès les premières images on prend la mesure de ce qu'a été l'enfance de Judy Garland! Tout comme le King, ces artistes doués se sont vites retrouvés dans les mains de manager peu scrupuleux, ne voyant que le business et l'argent que ça pouvait rapporter.
Film très émouvant où Renée Zellwegger est vraiment impressionnante. Les émotions passent. Ses sensations de peur au moment de remonter sur scène sont criantes de vérité, c'est au point que j'en avais pour elle. Cette artiste douée s'est éteinte très jeune tout comme le king. Il nous reste leurs chansons. Excellent film. (G-08.03.20)Voir plus


Autres critiques de films

Sauvages

Riverboom

Feu Feu Feu

Naître Svetlana Staline