CH.FILM

Les particules France, Suisse 2019 – 98min.

Critique du film

L’apesanteur de l’adolescence

Sven Papaux
Critique du film: Sven Papaux

Avec Les Particules, Blaise Harrison mise sur le fantastique et son passé de réalisateur de documentaire pour en faire une ode aux tracas adolescents. L’une des œuvres qui a marqué la Quinzaine des réalisateurs au dernier Festival de Cannes.

Une dernière année au lycée, au Pays de Gex. P.A (Thomas Daloz) vit ici, proche de la frontière franco-suisse. Sous ses pieds, le LHC, ce fameux accélérateur à particules le plus puissant du monde, proche de recréer les conditions d’énergie du Big Bang, grâce à des collisions de protons. Au fur et à mesure, Pierre-André commence à ressentir des choses, observe des phénomènes étranges, des changements incongrus, troublants. Quelque chose est en train de basculer dans sa tête.

Blaise Harrison est un habitué des documentaires. Avec Les Particules, il met en scène sa première fiction. Et la patte du documentariste est perceptible, tout en amenant une vraie proposition de cinéma de genre. Un grand trou noir qui s’ouvre à nous, qui s’ouvre à P.A. Comme un air de fin du monde, une expérience sensorielle où les éléments se déchaînent. Les Particules joue avec la temporalité et les mirages d’un ado à la recherche de sa place dans l’univers. Mais qu’est-ce que l’univers déjà?

Une question posée, dans sa posture cinématographique minimaliste, de manière assez subtile, dans un genre presque documentaire. On flirte entre réalité et fantastique, le cadre se resserre, nous prend parfois à la gorge pour nous catapulter dans une réalité fragmentée. Le CERN pour détonateur de bizarreries, d’hallucinations toujours plus oppressantes. Une belle photo et une vraie maîtrise du hors-champ. L’étau (imaginaire?) provoque un malaise toujours plus profond. Blaise Harrison s’essaie avec une certaine maîtrise au fantastique, surtout dans sa première partie. La seconde est moins réjouissante. Un mystère toujours plus épais avant de perdre en intensité graduellement. Le jeu de Thomas Daloz n’aidant en rien, Harrison se perd lui-même dans ce récit initiatique, rempli de distorsions inquiétantes. Des soucis de rythme et des failles, certes, mais les efforts déployés poussent le métrage à user de son sujet toujours intéressant: le passage de l’adolescence à l’âge adulte par le biais du LHC. Une idée originale, non sans flirter avec l’ennui.

En bref!

Une élégance visuelle, un film qui se lit en apesanteur. Un mirage, une chimère où la réflexion existentielle, la quête d’un adolescent en mal de repère se faufile. La jeunesse dans un trou noir, une fissure béante. L’effroi, la peur de grandir, de basculer dans un tout autre monde. Blaise Harrison offre une vision originale du passage à l'âge adulte, une proposition de cinéma qui, même jalonnée de défauts et de longueurs, trouve un écho poético-chaotique.

15.09.2019

3

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Commentaires

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Rosalie

il y a 5 ans

Une idée seule ne fait pas un film. Ici on est plus proche du documentaire que de la fiction. Direction des acteurs inexistante, rythme neurasthenique, musique omniprésente comme pour meubler le vide. Quel lien entre ces ados et les particules sinon la mutation? Mais fallait-il 190 min pour le dire? Seul point de vue interessant, les adultes sont quasiment hors champ, comme inexistants. Du coup, les ados semblent d'autant plus livrés à leur solitude.Voir plus


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