Ma Etats-Unis 2019 – 99min.

Critique du film

Les festivités de l’angoisse

Sven Papaux
Critique du film: Sven Papaux

Les studios Blumhouse sont devenus maîtres en ce qui concerne le thriller horrifique à budgets dérisoires. Sous la houlette de Jason Blum, Jordan Peele a surfé sur la vague du succès. Avec « Ma », Blumhouse offre un rôle trash à Octavia Spencer, en hôtesse d’accueil aux idées morbides.

Des jeunes lycéens qui veulent se procurer de l’alcool, quoi de plus normal dans une petite ville de l’Ohio, qui plus est paumée. À 16 ans, l’alcool fort est prohibé et trouver une bonne âme pour en acheter n’est pas une mince affaire. Quand Maggie (Diana Silvers) croise le chemin de Sue Ann (Octavia Spencer), c’est la réponse à l’énigme, et cerise sur le gâteau : l’aide vétérinaire, de profession, invite la bande d’ados à fêter en toute sécurité dans son sous-sol, alcool à volonté en prime. Pour ce faire des règles sont instaurées : il faut l’appeler Ma, ne jamais s’aventurer dans sa maison et interdiction de blasphémer. Un paradis pour les fêtards, qui va se transformer en prison dangereuse.

Vengeance ou simple désaxée ? Sue Ann va jouer un sacré mauvais tour à une jeune bande de lycéens souhaitant (juste) se biturer sans se faire pincer par les flics du coin. Le bon plan vire au drame. Et pourquoi ? Sue Ann mène une vie austère, solitaire, divorcée depuis de nombreuses années, et surtout emmurée dans un passé sombre, lié à une adolescence compliquée. Alors pour incarner une femme imprévisible, Octavia Spencer s’amuse à varier les tons, entre humour décalé avant de basculer dans la folie meurtrière. Une performance de grande qualité offerte par Spencer, un rôle à contre-emploi. Furieuse et vulnérable à la fois.

Des airs de one-woman-show, maîtresse des lieux où la perdition pointe le bout de son nez. Des jeunes à sa merci, tout cuits dans le bec, parfaits cobayes pour achever une oeuvre qu’elle fantasme depuis des lustres. Le réalisateur Tate Taylor use de la trame humoristique, avant d’opter pour le thriller froid, pervers et macabre. Pas de quartier, enivrer ses hôtes pour mieux les terroriser, pour n’en faire que de vulgaires pantins inanimés. La partie est lancée, orchestrée par Sue Ann, cette bombe à retardement. Une femme qui revit une seconde jeunesse avant de broyer celle de ses invités. Réalisation efficace, pour un casting qui répond présent - mention à Luke Evans dans la peau d’un père peu sympathique. Tate Taylor réussit à maintenir du bout des doigts une tension dans un premier temps, avant de s’effilocher. À force d’user des jump scares, d’effleurer un sous-texte social sinueux, Tate Taylor passe à côté du véritable ressort de son œuvre : le pur slasher.

En bref !

Octavia Spencer comme figure hégémonique, cerbère pour adolescents en mal d’ivresse. L’actrice américaine peut se targuer de tenir un film rien que par ses pulsions et ses rictus faciaux. De la gentille à la méchante Ma, tout peut basculer en une fraction de seconde. Quand bien même Ma rate partiellement son pari social, mais tient la route par sa mise en scène sans prétention et plutôt efficace.

05.06.2019

3

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 5 ans

“Get out”

Maggie et ses nouveaux amis souhaitent s’amuser et pour cela, il leur faut de l’alcool. Mais à 16 ans, c’est interdit aux Etats-Unis. Sue Ann, l’aide vétérinaire solitaire, accepte néanmoins d’en acheter pour eux. Reconnaissants, les jeunes gens vont finir par regretter cette rencontre.

Silhouette rondelette, sourire rassurant, blouse médicale colorée d’animaux joyeux, la petite dame conciliante, n’a pas l’air bien dangereuse. Mais il suffit d’un regard perçant d’Octavia Spencer sur ces adolescents naïfs pour troubler la bonhommie de celle qu’ils surnomment affectueusement Ma.

Malheureusement, le scénario n’est pas à la hauteur de la distribution choisie. En dépit d’une entrée en matière prometteuse, il sombre vite dans une histoire de vengeance froide, fragilisée par une provocation limitée et des incohérences finales. Quand le B de la série devient un Z.

5/10Voir plus

Dernière modification il y a 5 ans


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