CH.FILM

Where We Belong Suisse 2019 – 78min.

Critique du film

La voix de l’enfant

Clélia Godel
Critique du film: Clélia Godel

Troisième long-métrage documentaire de la réalisatrice suisse Jacqueline Zünd, Where we belong nous emmène à la rencontre de cinq enfants dont les parents se sont séparés. Au travers de témoignages lucides et sincères, les enfants reviennent sur ces douloureuses séparations en faisant preuve de beaucoup d’intelligence et de courage.

Disputes qui s’éternisent, violence des discours, changement de lieu d’habitation: rares sont les conséquences positives d’un couple qui se sépare. La situation s’envenime d’autant plus lorsque des enfants sont pris dans les vagues d’un divorce houleux. Victimes collatérales qu’on écoute rarement, la cinéaste Jacqueline Zünd a pourtant décidé de donner la parole à ces enfants tiraillés de part et d’autre pour qu’ils puissent décrire leurs pensées et tenter d’analyser leurs ressentis en toute liberté.

Inspiré de la vie privée de la réalisatrice dont le fils a deux maisons, le documentaire part d’un postulat de départ intéressant: les séparations étant souvent l’affaire des adultes, connaître le point de vue des enfants paraît tout à fait légitime. Dans ce sens, le long-métrage de Jacqueline Zünd s’avère plutôt réussi puisque la cinéaste est parvenue à créer un lien de confiance avec ces enfants pour qu’ils n’hésitent pas à raconter ce qu’ils ressentent vraiment, sans avoir peur d’une remontrance de leurs parents, et le tout face caméra.

On devient dès lors les témoins privilégiés de confidences tantôt surprenantes, tantôt très touchantes, de la part d’enfants encore très jeunes, mais aussi de ceux qui ont un certain recul sur la séparation de leurs parents. Bien que leurs parcours soient différents, les angoisses et l’incompréhension face à une situation si particulière sont identiques. Leurs discours débordant de sincérité et de clairvoyance relatent une dure réalité qui concerne de nombreuses personnes. Les parents, dont le courage d’avoir accepté de s’embarquer dans un tel projet est à souligner, apparaissent furtivement mais n’ont pas le droit à la parole.

S’il est presque impossible de faire des reproches au fond du documentaire, la forme ne convainc guère. Elle semble même parfois desservir les récits des enfants dont la structure aurait pu être améliorée. Au lieu de cela, la réalisatrice consacre une trop grande partie de son film à des effets esthétiques qui en pénalisent le rythme au point de frôler l’ennui. Tout est une question de dosage et bien que ces jeux de lumière sur les visages des enfants soient parfois envoûtants, ils prennent une place trop importante et sont accompagnés d’une musique qui devient trop pesante à la longue. Au vu de la richesse des propos et de la thématique, le documentaire aurait certainement mérité une approche visuelle moins tape-à-l’œil et aurait dû se focaliser entièrement sur les puissants témoignages des enfants.

17.11.2021

3

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