You Will Die at 20 Egypte, France, Allemagne, Norvège, Qatar, Soudan 2019 – 105min.
Critique du film
Délicate quête initiatique au milieu de l’hystérie collective
Récompensé du «meilleur premier film» à la dernière Mostra de Venise, le cinéaste soudanais Amjad Abu Alala se révèle grâce à une fresque joliment maîtrisée. Un récit lent à se décanter, mais intéressant par son onirisme et sa symbolique.
Sakina (Islam Mubarak) et Alnoor (Talal Afifi), un couple qui célèbre la venue d’un nouveau-né: Mozamil. Lors de la cérémonie religieuse, un servant s’effondre durant le rituel et laisse présager d’une sombre prédiction: l’enfant mourra à 20 ans. Le père de l’enfant décide de s’exiler pour fuir la malédiction. Sakina se retrouve seule, avec sur les bras un fils maudit à élever. Les années passent et Mozamil a 19 ans…
Stigmatisé par les enfants du village, perçu tel un pestiféré, Mozamil peut compter sur une mère décidée à l’abriter des regards malintentionnés. Le gamin se pose des questions légitimes, s’isole et interroge sa mère: dans la peau d’un gamin voué à une temporalité qui n’appartient qu’à lui. La douleur est perceptible, mais un premier pas vers une vie dite normale commence avec son accession à l’école coranique. Sakina, drapée de noir, souffre comme son fils, empêtré dans un fatalisme. Attendre l’heure fatidique, s’empêcher de vivre; voilà une métaphore d’un pays encore imprégné d’années de dictature.
La trajectoire de Mozamil se greffe à la frontière infime entre la vie et la mort. Spectre religieux comme boulet enchaîné, Mozamil trouve du réconfort chez Suleiman (Mahmoud Elsaraj), caméraman revenu au village, et chez Naïma (Brunna Khalid). L’amour et l’amitié à travers 2 personnes, pour explorer le poids des croyances, des traditions toujours bien ancrées dans la culture soudanaise. Amjad Abu Alala laisse son film inspirer et expirer, sans le brusquer, soignant la composition des plans. Un (léger) virage onirique pour concocter une fable religieuse et élégiaque, parfois puissante quand elle capte le fatalisme d’un jeune condamné par les superstitions dès sa naissance. Une mort psychologique avant celle physique.
You Will Die At 20 s’étend, perd parfois de sa verve en cherchant à étirer son histoire. Quand bien même si les défauts sont présents, derrière les vestiges d’un pays encore marqué par une dictature, il y a un désir, une envie de s’émanciper à travers le songe. Disparaitre pour mieux réapparaitre, poétise Abu Alala. Oublier son quotidien pour se dépêtrer d’une croyance religieuse. Narration perfectible, laissant surgir un talent à suivre dans un avenir proche.
Votre note
Commentaires
Des images de toute beauté, une mise en scène riche et poétique, des personnages intéressants. Allégorie d'un peuple guidé par la religion et qui doit se construire une nouvelle démocratie, le protagoniste (Mozamil) manque toutefois de profondeur tant au niveau du jeu d'acteur que du scénario, selon moi. Certaines lenteurs auraient pu être supprimées à la faveur d'une plus grande place accordée à la relation qu'il entretient avec le caméraman (Suleiman), qui est la seule à vraiment le faire évoluer.… Voir plus
Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.
Login & Enregistrement