Godzilla vs. Kong Etats-Unis 2020 – 113min.
Critique du film
Un Monsterverse monstrueusement plat
Ce n’est (malheureusement) pas le cas en Europe, et encore moins en Suisse, mais dans le reste du monde, les salles de cinéma rouvrent petit à petit. La Warner profite de l’absence de concurrence et tente régulièrement de s’engouffrer dans le boulevard qui s’offre à elle pour occuper l’espace. Après l’échec relatif de «Tenet», et le super-échec (en salles) de «Wonder Woman 1984»: bingo, «Godzilla vs. Kong» est le premier carton post-pandémie. Et il y a de quoi être triste.
Les humains sont dans l’incompréhension: Godzilla, protecteur de l’humanité, se met à attaquer des infrastructures humaines, notamment celles de l’entreprise Apex. Tiraillée entre la nécessité impérieuse de se défendre et l’envie de comprendre, l’organisation Monarch se retrouve contrainte de coopérer avec Apex et de libérer Kong afin de défendre l’humanité contre un Godzilla devenu agressif... à moins qu’il ne s’en prenne à une menace cette fois-ci venue de l’humanité elle-même.
Drôle d’entité que le Monsterverse. L’excellent «Godzilla» sort en 2014 et surprend avec un large succès alors que la notion d’univers étendu est à son premier pic de popularité («Avengers» est sorti en 2012). Sentant le filon, la Warner et Legendary décident donc de transformer l’essai au pied levé en faisant du film la première pierre d’un univers étendu à la fois excitant et inquiétant: les films de monstres sont rares, mais le tout semble improvisé. Le médiocre «Kong : Skull Island» et le moyen «Godzilla 2» viendront confirmer cette impression: le Monsterverse est mal (voire pas) pensé, et le sens du spectacle hollywoodien s’est globalement envolé avec le départ du réalisateur Gareth Edwards, metteur en scène du sismique premier opus (et accessoirement réalisateur de «Rogue One: A Star Wars Story»).
Une dégringolade progressive qui atteint son point déculminant avec ce «Godzilla vs. Kong». Voulant jouer la carte de la surenchère pour doper ses enjeux, «Godzilla vs. Kong» parvient paradoxalement à cristalliser tous les pires défauts largement identifiés de la franchise tout en continuant l’opération d’évacuation de ses qualités: ainsi, pas un seul plan ne parvient à décrocher la mâchoire ou à impressionner le spectateur, tandis que la sous-écriture des intrigues et des personnages descend encore en dessous du cahier des charges actionnarial et la formule générique artificielle.
Ce dernier point ne serait pas si dommageable en soi si encore le spectateur en avait pour son argent, mais, tenez-vous bien: l’action est ici si rare qu’il faut attendre pas moins d’une heure de film avant que le premier combat éponyme ne s’engage, avant encore quarante minutes d’attente et de péripéties particulièrement saugrenues (on ne peut rien dire, mais on conseille à certains scénaristes de ralentir sur les psychotropes) avant un final mou, confondant titanesque et pachydermique. Le reste du métrage étant meublé par une distribution en roue libre et paumée dans des intrigues de bac à sable et dans leurs personnages consternants de stupidité; pas une seule des très longues minutes de «Godzilla vs. Kong» n’est agréable. Tout au plus on appréciera l’amabilité de la pire entrée du Monsterverse de nous présenter un vainqueur clair et net.
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