Un espion ordinaire Royaume-Uni, Etats-Unis 2020 – 112min.
Critique du film
Un panier de crabes soviétique pour Benedict Cumberbatch
Incarné par un excellent Benedict Cumberbatch, Greville Wynne s’est retrouvé dans de beaux draps le jour où le gouvernement lui a mis le grappin dessus. Son rôle: éviter une 3e Guerre Mondiale. Une fresque tendue et solidement exécutée.
En 1960, Greville Wynne (Benedict Cumberbatch) croise le chemin du MI-6 et de la CIA. Ce modeste représentant anglais est appelé à nouer une relation de tous les dangers avec le colonel soviétique Oleg Penkovsky (Merab Ninidze). Alors que Penkovsky s’apprête à devenir un traître de la nation, effrayé par les folies nucléaires de Nikita Khrouchtchev, chef du gouvernement soviétique, il prend la décision de passer les plans et les renseignements nécessaires aux Occidentaux pour éviter une guerre nucléaire. Wynne va donc amorcer une série d’allers-retours à Moscou, éveillant les soupçons du KGB.
John le Carré ne renierait pas un tel scénario. Une véritable immersion dans l’espionnage, avec sa dangerosité et ses moments haletants. Le réalisateur Dominic Cooke réussit à coupler ça, à composer une tension qui va crescendo grâce à des plans serrés, des séquences se déroulant dans les couloirs ou des bouches de métro. Cooke tend vers une mise en scène claustrophobe. Aussi, le récit est imprégné d’une élégance tirée des thrillers d’espionnage des années 60. Le tout est un mix d’images se resserrant, des couloirs exigus aux endroits dépouillés et vidés.
Il y a également une composante particulièrement intéressante: ces échanges entre l’Est et l’Ouest, ces alliances entre le MI-6 et la CIA, dessinant le décalage culturel des deux pays - côté américain, on fonce tête baissée pour un hypothétique résultat; tandis que côté britannique on temporise. Un facteur particulièrement intéressant qui tiraille Greville, au milieu de deux tactiques opposées. Lui-même se retrouve empruntée: de un sa famille compte plus que tout, et de l’autre sa nouvelle amitié avec Penkovsky lui bouffe les entrailles. Le KGB est prêt à l’envoyer aux oubliettes.
Un espion ordinaire peut compter sur sa plus-value: Benedict Cumberbatch. S’engageant à contrecœur, son regard commence à virer de la réticence à la peur, en passant par la tristesse profonde. La colère se lit davantage dans ses discours, dans ses paroles adressées aux deux organismes gouvernementaux, incarnés ici par Rachel Brosnahan («The Marvelous Mrs. Maisel») pour la CIA et Austin Wright (« The Crown », La Dame de fer) pour le MI-6. Pour camper Penkovsky, Merab Ninidze réussit une belle prestation, insufflant cette urgence silencieuse, se rêvant dans le Montana en cow-boy. Le personnage est touchant, Ninidze l’est tout autant. Le colonel soviétique a eu le courage d’avancer, de faire changer les choses, d’annoncer une guerre nucléaire susceptible de faire de gros dégâts. Un espion ordinaire est cet hommage poignant, bercé par la bande-son du maestro Abel Korzeniowski, à un homme droit dans ses bottes, même dans sa tombe.
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Commentaires
“La fin d’une liaison”
Greville Wynne est un entrepreneur britannique comme les autres. Mais dans le monde politique glacial des années soixante, ses voyages réguliers à l’est en font un être signifiant pour les services secrets qui le recrutent. A lui d’entrer en contact avec l’espion soviétique Oleg Penkovsky.
Tous les motifs associés au genre sont à l’écran : rendez-vous secrets, micros cachés, traqueurs potentiels, mensonges et trahisons. Il s’en dégage un charme désuet dans un univers où le numérique n’existe pas encore. Mais l’on ne peut que s’étonner qu’une mission aussi périlleuse repose sur les épaules d’un quidam sans entraînement. L’histoire se base pourtant sur des faits réels.
Si l’on se prend de sympathie pour ces deux personnages très attachés l’un à l’autre, au point que l’épouse Wynne soupçonne une nouvelle liaison de son mari souvent absent, la mise en scène, cherchant à éviter toute esbroufe, ne parvient pas à faire monter la tension. Sans véritable action, on peine à craindre pour leur vie, malgré l’interprétation appliquée de Benedict Cumberbatch. Moins réussi que le Pont des espions de Spielberg, le film en devient très ordinaire sur deux hommes extraordinaires qui à eux seuls ont peut-être évité une guerre nucléaire.
(6/10)… Voir plus
Dernière modification il y a 3 ans
Un plongeon réaliste dans la guerre froide et la crise des missiles nucléaires entre l’Union soviétique et les États-Unis. Le scénario et les acteurs sont excellents. Un bon film à recommander (7/10)
Enfin un très très bon film. Ce biopic est de très bonne facture. Bien qu'il y manque un peu de suspense , on ne s'ennuie pas. La reconstitution des années 60 est excellente et rien à dire sur l'interprétation. (G-27.06.21)
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