La bonne épouse France 2020 – 110min.

Critique du film

Juliette Binoche met le tablier au placard

Emma Raposo
Critique du film: Emma Raposo

À l’aube des évènements de mai 68, Juliette Binoche fait briller la vaisselle et chauffer la machine à coudre dans son établissement ménager pour jeunes filles à marier bien comme il faut. Avec La bonne épouse, comédie gentillette, le réalisateur Martin Provost persévère dans l’exploration un peu bancale d’un de ses sujets fétiches: la femme et sa condition.

Paulette (Juliette Binoche) et Robert Van der Beck (François Berléand) dirigent une école ménagère formant des générations de jeunes femmes à être de bonnes épouses, à repasser les chemises, faire rôtir le poulet et à ne surtout pas avoir d’opinion dans ce système patriarcal si bien huilé. Mais la mécanique se dérègle lorsque le mari de Paulette décède soudainement. Elle découvre que ce dernier lui avait caché leur situation financière désastreuse. Ruinées, elle et sa belle-sœur doivent désormais mener la barque seules. Un mal pour un bien car, dans l’atmosphère de révolte générée par mai 68, et après avoir retrouvé son amour de jeunesse, Paulette remet en question les convictions profondes qui l’animaient jusque-là.

Après Sage Femme, Martin Provost s’intéresse toujours à la condition féminine, mais cette fois empêtrée dans le carcan patriarcal de la fin des années 60. Alors que la révolution gronde, le film tire le portrait d’une femme soumise, interprétée par une Juliette Binoche que l’on a déjà vu plus inspirée, un peu sotte par omission et pas franchement encline à remettre des croyances conditionnées par une domination masculine omnipotente en question. La vie l’y contraindra pourtant après la disparition de son cher époux un rien obsédé incarné par un François Berléand qui ne fait pas long feu dans le récit. Se découvrir en deux jours un esprit libre après des années de négation de soi en s’affranchissant du dictat patriarcal, elle n’est pas belle la vie?

Caricaturale à souhait, mais à des fins humoristiques, légère avec une pincée de drame, cette comédie aux allures vintage patauge malgré tout dans une prévisibilité ennuyante, devenant presque risible l’épilogue venu. Se muant en comédie musicale en forme de plaidoyer féministe n’apportant absolument rien à l’histoire, pire, la décrédibilisant d’un discours jusque-là certes caricatural, sans grande profondeur, mais somme toute récréatif, le film surfe d’une manière vacillante sur la vague féministe comme d’autres en ce moment, à la différence près que ce dernier ne restera pas gravé dans les esprits.

En bref!

Une comédie récréative, mais prévisible enfourchée par une Juliette Binoche dont le rôle ne fera pas date, La bonne épouse, sous ses airs de petit pamphlet gentillet envers le patriarcat, arrive tout juste à nous tirer quelques sourires… presque gênés sur la fin.

09.03.2020

2

Votre note

Commentaires

Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.

Login & Enregistrement

Casper73

il y a 4 ans

Simples

A l’école ménagère de Boersch, la jeune fille doit décliner dans sa journée tous les suffixes -age du ménage (très moyen) et se doit d’être pour le moins affable, soignée, discrète, prévenante, à l’écoute et souriante. L’enseignement se borne à la récitation et la copie de maximes oiseuses. On façonne le reflet attendu d’une épouse docile. Mai 68 et le décès de M. Van der Beck vont faire éclater le carcan de cette institution aux valeurs désuètes.

Comme Roxane j’aurais envie de dire : « vous m’offrez du brouet alors que j’attendais des crèmes ». Le sujet ou plutôt les thèmes offerts là avaient de quoi emporter. Exception faite de la jolie romance qui apporte un vent de fraîcheur, les acteurs ne peuvent pas s’épanouir dans des rôles étriqués. La gravité de certains points auraient mérité d’être approfondis et non dilués. Le final digne de Bollywood m’a laissée de marbre. Une énumération récitée en colonne fait curieusement penser à une éducation sans recherche ni libre arbitre. Étrange pour un film qui se réclame féministe.

Afin de présenter une évolution, la trinité de superbes actrices Mmes Binoche, Moreau et Lvovski ainsi que le charmant M Baer auraient mérité une élévation du propos de bon augure.Voir plus


CineFiliK

il y a 4 ans

“Femmes libérées”

« Tu seras bonne épouse et bonne mère, ma fille ». Voilà ce qu’on enseigne principalement à l’école ménagère Van Der Beck ; cuisine, ménage, repassage, couchage… en sont les maîtres-mots. Mais quand Madame la Directrice Paulette perd Monsieur, c’est tous ses principes éculés à la veille de Mai 68 qui vacillent.

Il se dégage malgré tout un charme désuet de cette comédie enjouée et musicale dont le propos sérieux fait encore bien écho aujourd’hui. Ses ficelles ne sont pas toujours très fines et manipulent un trio de drôles de dames très proches de la caricature. Quant aux étudiantes archétypiques, elles paraissent bien ternes en comparaison. Néanmoins, sous un brushing impec’, Binoche passe de la boniche à la veuve joyeuse avec une certaine grâce. Et l’on retiendra cette savoureuse déclaration d’amour d’un Roméo à sa Juliette alsacienne déclamant la recette du strudel aux pommes.

6.5/10Voir plus

Dernière modification il y a 4 ans


Eric2017

il y a 4 ans

Ce film a le mérite de faire connaître ce qu'était l'école ménagère dans les années 60. C'est assez intéressant mais j'ai trouvé le film trop long. Quant à la scène de fin, je la trouve ridicule. Les actrices sont excellentes. (G-11.06.20)


Autres critiques de films

Riverboom

Sauvages

Feu Feu Feu

Naître Svetlana Staline