Médecin de nuit France 2020 – 81min.

Critique du film

Une nuit tourmentée pour une naïveté molestée

Sven Papaux
Critique du film: Sven Papaux

Dans les nuits agitées de la capitale, Vincent Macaigne joue de son statut de médecin pour aider des toxicomanes grâce à des ordonnances au rabais. Une fresque intéressante et rythmée signée du talentueux Élie Wajeman.

Mickaël (Vincent Macaigne), un médecin de nuit, s’occupe des toxicomanes de Paris. Des cartes vitales et des ordonnances à la pelle, entre quelques patients aux différents maux, le médecin voit sa vie partir en lambeau: une femme qui le menace de le mettre à la porte et un cousin qui trempe dans des affaires louches. C’est décidé: ce soir, Mickaël remet de l’ordre dans sa vie pour voir enfin la lumière au bout de la nuit.

S’immerger et s’enfoncer dans la nuit à bord d’une Volvo, et en son sein un médecin qui périclite, qui navigue en eaux troubles. Médecin de nuit colle à l’expression «trop bon, trop con». Dans la peau du naïf, Vincent Macaigne (Les innocentes, Le sens de la fête) s’offre un rôle d’une intériorité déroutante. Lui à la carrure toute trouvée pour camper ce docteur à la dérive dans une ville de Paris désolée et avalée par la nuit. Mickaël sauve des vies ou tente de sauver des vies, mais il aurait bien besoin d’un ange gardien pour que lui soit sauvé. Élie Wajeman (Le Bureau des Légendes) propose une percée presque chimérique et molestée par les sombres facettes de la civilisation.

Une nuit tendue, une seule, bâtie sur une succession de situations, si bien que l’on se demande comment ça tient sur une unique nuit tant le film traverse une vaste zone de turbulence. Des tromperies et des courses contre la montre pour sauver sa peau et sa vie de famille. L’alliage film noir et film social s’avère très réussi et efficace. Une nuit telle une bombe à retardement: avant que le jour ne se lève, Mickaël doit trouver la parade avant que son existence n’éclate. Le cousin joué par Pio Marmaï n’aide en rien sa quête personnelle. Pire, il pourrait même être son Oméga.

Tout est disposé à voir un homme périr. Wajeman, en couplant vie privée et trafic de médicaments, décrit la nuit comme douce et âpre. Pour la vivre, Macaigne trouve dans Médecin de nuit l’une de ses meilleures compositions: violent et incertain comme l’est la pénombre. Des morceaux choisis et des séquences esquissent la délicatesse du personnage, saisi par la peur de sombrer. Et Macaigne l’intègre avec un certain brio, adoptant sa posture connue des observateurs: nonchalante et douloureuse. Wajeman canalise cette particularité qui éclabousse la pellicule, offrant une percée nocturne enchaînée à une fatalité qu’on sent inéluctable.

21.02.2024

4

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Commentaires

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Eric2017

il y a 3 ans

Malgré un scénario assez banal, Vincent Macaigne relève le niveau de ce film. Quant à Sarah Giraudeau elle est comme d'habitude étincelante. (G-11.07.21)


CineFiliK

il y a 3 ans

“Docteur Sleep”

Entre deux consultations, Mickaël, médecin, passe ses nuits à aider les toxicomanes en leur prescrivant de fausses ordonnances. Sa bonne volonté et ses mauvais choix mettent en péril sa vie de famille.

Il n’en peut plus Mickaël. Les patients inquiets, les clients clandestins perdus dans la neige du Subutex, l’administration suspicieuse, une épouse à bout, sa maîtresse, future femme de son cousin, et les trafics risqués de celui-ci. C’est trop pour un seul homme dont la voiture devient, au-delà d’une monture fidèle, un foyer, cabinet éphémère ou chambre de passe. Cernes sous des yeux rougis et embués, le saint-bernard parisien en quête d’idéal s’effondre et peine à se réveiller.

Resserrée le temps d’une nuit, l’action cumule beaucoup d’éléments perturbateurs, trop peut-être. Le polar urbain prend plus de place que l’aspect social et la difficulté du métier qui auraient suffi. Néanmoins, la tension se ressent et l’on peine vite à imaginer une fin heureuse pour le héros ou ses proches. Carrure solide, Vincent Macaigne porte bien ce film noir. Docteur empathique, papa rappeur, époux absent, amant séducteur, justicier violent, il convainc sans grands efforts dans ces différents rôles. La caméra le suit et colle souvent à son visage, enfermant le personnage dans ses ambiguïtés. Enfin, l’on apprécie cette scène grave d’un couple déchiré, réuni autour d’une blessure ouverte.

(6.5/10)Voir plus

Dernière modification il y a 3 ans


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