Le Samaritain Etats-Unis 2020

Critique du film

Sylvester Stallone incarne un super-héros incognito

Emma Raposo
Critique du film: Emma Raposo

Dans «Le Samaritain», diffusé sur Amazon Prime Video depuis le 26 août, l’indéboulonnable Sylvester Stallone enfile l’habit d’un super-héros que tout le monde croit mort. L’acteur qui incarnait jadis l’inoubliable Rocky Balboa ou encore Rambo prouve qu’à 76 ans, il n’est pas prêt de mettre l’action au placard au profit de films plus émotionnels. À tort ou à raison?

À Granite City, tout le monde pleure la disparition du Samaritain, un super-héros justicier qui affrontait il y a 25 ans son jumeau maléfique Nemesis. C’est après un duel sanglant que les deux frères ont succombé dans les flammes. Enfin, c’est que tout le monde pense… Sam (Javon Walton), lui, n’en croit pas un mot de cette version des faits et est persuadé que le justicier est en vie. Obsédé par Le Samaritain, le garçon de 13 ans mène son enquête et suspecte son étrange voisin Joe Smith (Sylvester Stallone), un homme taciturne, d’être le super-héros disparu.

Alors que Granite City s’enlise dans la violence et les émeutes, Sam se met en tête de convaincre Joe de reprendre du service afin de sauver la métropole du chaos, et par la même occasion d’affronter Cyrus (Pilou Asbæk), le leader d’un gang de criminels obnubilé par Nemesis et ses pouvoirs.

Ces dernières années, nous avons été inondés par les univers Marvel et autres DC Comics. Une overdose de films de super-héros écrits et réalisés avec plus ou moins de succès. Difficile donc pour un film de se démarquer parmi la masse de métrages racontant les sempiternels combats du bien contre le mal en capes et masques. Avait-on donc vraiment besoin d’un énième récit de super-héros? Pas sûr, à moins que ledit film apporte réellement une plus-value. Malheureusement, «Le Samaritain» peine à tirer son épingle du jeu malgré la présence d’un Sylvester Stallone approchant la huitantaine avec panache.

3ème long métrage de l’Australien Julius Avery, réalisateur de «Son of a Gun» en 2014, «Le Samaritain» aurait de quoi bien faire, mais loupe le coche. Le plus gros problème c’est que le film possède de bons ingrédients de base, mais bâcle la recette. Le résultat est sans grande saveur et manque cruellement de relief. Un super-héros qui se la joue incognito en réparant des vieux appareils électroniques, un gentil gamin des banlieues qui n’a pas froid aux yeux sur fond de misère sociale, le film écrit par Bragi F. Schut aurait pu explorer une autre facette du genre super-héros en investissant un terrain plus émotionnel, en creusant les personnages et leurs motifs et en approfondissant la relation du garçonnet et du héros retraité.

Au lieu de ça, on ne sait que peu de choses sur les antécédents du Samaritain, si ce n’est quelques vagues informations fournies dans une scène d’ouverture faites d’images d’animation bancales, on comprend à peine les motivations du méchant interprété par Pilou Asbæk, vu aussi dans «Borgen» et «Game of Thrones», et on ne ressent que peu d’empathie pour tous les personnages faute d’en savoir un peu plus à leur sujet.

Quand bien même le tandem formé par Javon Walton, jeune étoile montante hollywoodienne qui a gagné en popularité depuis ses apparitions dans des séries telles qu’«Euphoria» et «Umbrella Academy», et Stallone semblait prometteur, «Le Samaritain» reste toujours en surface sans aucun parti pris, comme s’il ne voulait pas tout à fait être un film dramatique, ni tout à fait être un film de super-héros, oscillant entre les deux genres sans jamais choisir son camp. Mais en refusant d’être plus radical dans ses choix, en n’explorant pas l’aspect émotionnel ni social de l’intrigue, le récit perd en chemin tout ce qui aurait pu faire de lui une histoire digne d’intérêt, les quelques scènes d’action ne suffiront même pas à divertir.

26.08.2022

2.5

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