The Hitman's Wife's Bodyguard Royaume-Uni, Etats-Unis 2020 – 117min.

Critique du film

De l’action ronflante pour un fouillis artistique

Sven Papaux
Critique du film: Sven Papaux

La suite du Hitman & Bodyguard, sortie en 2017 et forte de 176 millions de dollars engrangés, n’aurait peut-être pas dû voir le jour. Le retour du tandem Ryan Reynolds et Samuel L. Jackson embarque Salma Hayek dans une salve de coups et de munitions ronflante.

Michael Bryce (Ryan Reynolds) est un garde du corps AAA, mais en totale disgrâce. Dorénavant sans permis pour exercer, il décide de se détourner des armes et de la violence. Un congé sabbatique en Italie, à Capri - comme les pantalons. Son voyage spirituel va rapidement prendre fin quand Sonia (Salma Hayek) est envoyée par Darius Kincaid (Samuel L. Jackson), le tueur à gages qui lui a causé tant de tourments. Une arrivée intempestive qui entrainera Michael dans un plan foireux, pour enfin se frotter à un milliardaire grec (Antonio Banderas) vengeur, décidé à lancer une cyberattaque contre l’Europe.

C’est la bagarre, c’est les amitiés - ou les rivalités - qui remontent à la surface pour créer un cocktail explosif. Les deux copains, Michael et Darius, sont de retour au jardin d’enfant; chamailleries entre fripons armés jusqu’aux dents, voilà comment nous pourrions définir la suite de Hitman & Bodyguard. Disons-le tout de suite: cela fait mal quand nous voyons deux acteurs de cette trempe se ridiculiser et ne pas avoir la moindre alchimie. Ryan Reynolds et Samuel L. Jackson ne sont que des ombres qui avancent au milieu des balles et des blagues douteuses.

Nouveau détail dans ce second chapitre: la femme de Darius, Sonia, qui n’est autre que Salma Hayek dans le costume de l’épouse vengeresse. Une femme au milieu de deux hommes, mais c’est elle la gâchette facile, c’est elle la courageuse. Elle est surtout désireuse de vivre une belle lune de miel avant de fonder une famille avec son cher et tendre tueur à gages. Malheureusement, un sombre et vicieux milliardaire a décidé de tout faire sauter. Antonio Banderas prend la place de Gary Oldman comme grand méchant et s’avère être la seule «gourmandise» du film. Mais difficile de se sortir du piège, surtout quand le film n’est qu’une succession de scènes d’action ronflante. Le rythme est saccadé, décousu, les personnages ne font que s’envoyer des vannes (peu drôles) et se chicanent pour un rien. Salma Hayek en fait des tonnes et des personnages - en première ligne, Frank Grillo dans la peau d’un agent Fedpol - ne servent à rien dans le récit.

L’hymne des durs à cuir n’est qu’une fournée calcinée par l’apathie d’un scénario inintéressant. Si bien que même les scènes d’action ne marchent pas, que même certains effets spéciaux font mal aux yeux - la palme pour ce camion et ce pont qui s’effondre. Alors oui, Hitman & Bodyguard 2 est peut-être un pseudo film d’espionnage qui caricature les codes du genre, mais un tel désordre artistique fait des ravages - dans le mauvais sens du terme. Patrick Hughes, déjà derrière la caméra du premier volet, semble préférer pointer sa caméra sur des explosions et des cascadeurs sautant partout, plutôt que raconter une histoire qui tient la route. Ou simplement nous pondre une action plus ou moins acceptable, nous aurions peut-être pu mordre à l’hameçon.

29.06.2021

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