Invisible Man Australie, Etats-Unis 2020 – 124min.
Critique du film
Quand le classique s’offre un peeling.
Le classique de l’horreur des années 30, adapté du roman de H. G. Wells, revient dans un écrin Blumhouse et avec une Elisabeth Moss décapante. The Invisible Man percute et surprend.
Cecilia Kass (Elisabeth Moss) vit en couple avec Adrian Griffin (Oliver Jackson-Cohen), jeune et talentueux entrepreneur dans les nouvelles technologies. Dans leur cube de verre face à la mer, leur vie ressemble à une couverture d’Architectural Design; une vie épurée, lissée, en vérité raclée jusqu’à la moelle, car Cecilia est sous l’emprise d’un maniaque. Alors une nuit, elle tentera de fuir, appelant sa sœur (Harriet Dyer) à la rescousse, et le lendemain de son évasion son conjoint est retrouvé mort, un suicide dira-t-on. Dès lors la liberté a le souffle court, car d’étranges phénomènes viendront remettre en cause la version officielle. Et si Adrian était en réalité devenu invisible?
Le classique de l’horreur poétique des années 30 de James Whale s’offre quelques encablures chez nos contemporains; après l'hécatombe critique du film La Momie qui devait entamer le Dark Universe et reprendre les classiques de l’horreur de la première moitié du 20e siècle, il résonnait à l’annonce d’Invisible Man comme un étrange silence, celui d’un enthousiasme mâté jadis par l’inconsistance du film d'Alex Kurtzman avec Tom Cruise. Et il aura fallu attendre Elisabeth Moss sous la coupe de Blumhouse Production pour voir, près d’un siècle plus tard, le mythe renaître avec une exigence scénaristique cinglante.
Des bandelettes devant l’histoire en 1933, ici une parure noire d’un genre Venom croisé à la smart tech; fidèle à l’écurie Blumhouse dans la facture, le réalisateur Leigh Whannell s’aventure dans les arcanes de la perversion narcissique, l’invisibilité devient le sabre d’une vengeance malsaine alors que Cecilia refuse un enfant au calife de l’optique. En 1897 chez H. G. Wells, le scientifique Griffin s'effaçait du monde visible pour fuir les créanciers, ici Elisabeth Moss fuit une relation toxique et frôle la démence dans un scénario en proie à la science-fiction et à l’horreur psychologique.
Griffin devient un stalker intraçable qui rappelle étonnamment le film Unsane de Steven Soderbergh. Entre réalité et rêveries paranoïaques, dans Invisible Man la menace pourrait être double; des jump scares astucieux et une mise en scène soignée, sans jamais renouveler le genre, et même si la bande-son de Benjamin Wallfisch (It, Blade Runner 2049 avec Hanz Zimmer) vous tord les tripes, l’australien Leigh Whannell (à la barre en 2015 de Insidious: Chapter 3) signe un thriller psychotique, loin de faire trembler ses pairs, mais qui percute allègrement son auditoire.En bref!
Une appréhension au démarrage, il faut dire que le Dark Universe nous avait déjà fait le coup, mais Invisible Man façon Blumhouse est une étonnante surprise. Le film doit beaucoup à la performance survoltée de son actrice Elisabeth Moss.
Votre note
Commentaires
L’emprise des sens
Cecilia vit sous l’emprise de son compagnon Adrian, un scientifique violent et ne rêve que de le quitter et y parvient. Elle se réfugie chez James et sa fille Sydney et pense trouver la quiétude, avec notamment une réconciliation avec sa sœur Emily. Mais lorsque Adrian se suicide, une emprise plus forte va la traquer.
Le voici donc cet OVNI passé inaperçu au cours de sa promotion mais bénéficiant d’une sacrée renommée. Quasiment avec raison.
Le premier quart-d’heure, lent, troublant, préoccupant, nous dresse le profil type du film: une femme torturée psychologiquement, un prédateur savant fou... et un Dieu canin. Le décor est planté.
Puis après une heure plus apaisante mais sans pour autant sortir de son apparente schizophrénie, le mâle maléfique se joue de ses proies.
Car si Elisabeth Moos, absolument fantastique, est la cible parfaite avec un passé trouble, le spectateur est littéralement happé par cette expérience et ressent tout d’abord l’angoisse de « Cee », puis sur la dernière demi-heure beaucoup plus brutale visuellement, est témoin de cette mascarade, si apparente au premier plan mais suscitant néanmoins un doute sur l’ultime séquence et plan parfait.
Ce dernier acte aurait néanmoins pu être quelque peu raccourci et le coupable tellement devinable au premier abord est remis en doute par une contre-analyse pas si tangible je pense.
Mais rien que pour l’adrénaline absolue et cette effroyable expérience, ce film est à recommander.
PS: Eric tout à fait d’accord sur une certaine incohérence et très curieusement, ce point fut pour moi signe d’un relâchement finalement bénéfique... Mais effectivement si nous pensons à la même « résurrection », j’avoue être resté dubitatif sur le court instant...… Voir plus
Un bon film à suspens, même sil y a quelques invraisemblances. Je me suis laissé prendre assez facilement par le scénario très bien interprété. Je n'ai pas vu le temps passé ce qui est un bon point. (F-28.02.20)
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