The Wall of Shadows Allemagne, Pologne, Suisse 2020 – 94min.
Critique du film
La montagne pour enseignement
La Khumbhakarna, les pieds de Dieu, le corps même, le mont interdit par le ciel. L’escalader revient au blasphème. Mais pour récolter l’argent nécessaire pour l’éducation de leur fils, une famille de sherpas va oser accompagner une horde d’alpinistes pour atteindre la face orientale, jusqu’ici jamais vaincue, pour offrir des études au rejeton.
«Il y a un Dieu, mais il faut bien travailler pour mettre quelque chose dans nos assiettes.» Une phrase qui pose cette affirmation presque désabusée: vivre quitte à passer outre les croyances ancestrales et ancrées. Accepter et céder aux sirènes de l’argent pour constituer un avenir meilleur au petit dernier. Eliza Kubarska, en accompagnant cette famille sur les sentiers escarpés de l’imposant Kumbhakarna, découvre, et nous fait découvrir, un moment presque suspendu dans le temps. L’environnement aidant, l’histoire devient une course contre les éléments - naturels et religieux. Oser l’escalade et draguer la mort de près, The Wall of Shadows ouvre la brèche d’un monde unique, homérique, celle d’une fresque majestueuse.
Kubarska, alpiniste expérimentée, laisse sa caméra dans un coin, préférant laisser converser les craquements de la pierre et de la glace. La Nature, aussi intraitable soit-elle, expire la paix et l’harmonie. Quand les croyances religieuses se mêlent à la grandeur des pics blanchis, le documentaire prend tout son sens; un temple sacré. La dimension spirituelle se transpose sur le respect qui est dû à la montagne. L’histoire n’est pas une simple aventure, mais une quête personnelle.
L’ombre de la montagne avalant les petites silhouettes persévérant devant elle, le drame est tant culturel que socio-économique. De l’argent est en jeu, au péril de leur vie. Le facteur humain fonde les bases, mais la montagne offre sa toute puissance. La caméra gravissant les reliefs, le drame se profilant toujours plus, The Wall of Shadows expose une vérité: sois conscient de tes limites, ta vie en sera sauve. Les parois glacées et le vent toujours plus fort, la force de la Nature nous rappelle au respect des valeurs, dégommant le tourisme de l’alpinisme à grands coups de piolet. Parfois, s’avouer vaincu sans livrer bataille relève de l’intelligence, ou d’une forme d’intelligence que l’Homme oublie avec récurrence: l’humilité.
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Commentaires
Les trois frères
Le Kumbhakarna est un sommet himalayen avide de tentations et de nombreuses frustrations. Dawa Tenzin un sherpa vivant à 3500 mètres d’altitude est sur le chemin y conduisant. Et les prochains clients, russes, semblent désireux de l’escalader. Pas évident pour ce chef de famille malgré lui ayant connu son propre drame sur ce sommet.
La voici donc cette très attendue expérience documentaire annoncée sur la limite humaine face à la nature. Ayant compris sur le tard que documentaire et non biopic, le tout s’avère marquant.
Après une première demi-heure spirituelle et économique à la fois, avec la part entre nécessité de survivre et croyances religieuses donnant lieu à une passionnante immersion, l’arrivée de ces « occidentaux slaves » avec leurs caprices et impatiences, marque un tournant dans cette croyance. Illustrée tout d’abord par un sens du sacrifice irritant et notamment ce péché de vouloir à tout prix escalader ce sommet, puis par une force féminine rare et finalement par une réalité implacable : la nature l’emporte toujours.
Magnifiquement filmé avec une apaisante BO, cette expérience sur ces trois frères non humains et la signification profonde du récit expliquant ce surnom par 3 thèses spirituelles marquantes avec une voix Off féminine synonyme de retenue et raison, nous marque au plus profond.
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La quête d'une famille népalaise afin pouvoir payer des études à leur fils.
Un documentaire sur une aventure humaine. L'humilité indispensable à avoir face à la montagne, face à cette nature. Magnifique ! (G-11.10.20)
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