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CineFiliK

il y a 2 ans

“La loi du marché”

Responsable provincial au sein d’un grand groupe international d’électroménager, Philippe Lemesle est dans une impasse. Acculé par un plan d’économie plus qu’ambitieux, il doit également affronter de graves problèmes familiaux.

C’est un homme accablé qui n’arrive plus à faire face. Devant son épouse demandant le divorce, son fils hospitalisé, les exigences de sa cheffe, ses collègues dépités et ses employés inquiets, il garde la tête basse. Son reflet dans le miroir, il ne le supporte qu’à coups d’anxiolytiques. Celui qui fête seul ses anniversaires n’est plus qu’un pantin chancelant qui assiste impuissant à l’effondrement de son monde.

Stéphane Brizé poursuit son illustration du capitalisme en crise, machine à broyer, et sa collaboration fidèle avec Vincent Lindon. Dans La loi du marché, le comédien investi incarnait un chômeur qui finissait surveillant de supermarché. Puis, en tant que syndicaliste, il partait en guerre jusqu’au sacrifice. Aujourd’hui, il prend du galon et devient cadre, pour le meilleur et pour le pire. Pris en étau entre ses supérieurs et les petites mains qui s’activent sous ses ordres. La pression pyramidale est bien figurée et se ressent à chaque niveau hiérarchique. Au sommet, l’ami américain. Mais au-dessus de lui, Wall Street a remplacé l’œil de Dieu sur les billets verts. Ne restent que des pions que l’on élimine de l’échiquier pour gagner plus encore. Si tous trinquent, ce sont toujours les mêmes qui s’en iront les poches vides ou pleines.

Comme chez Ken Loach, l’entreprise tourne à la démonstration. Elle provoque une boule au ventre mêlant colère et rancœur. Dans cet univers qui méprise la solidarité, il n’y a plus que ce jeu idiot où l’on imite des voitures par des grimaces pour nous faire sourire. Le réalisateur en profite aussi pour rappeler Mademoiselle Chambon-Kiberlain et la force à se séparer à nouveau de celui qu’elle a aimé à la ville. On pourrait croire à de la perversité. Mais la caméra tente au final de recoller les morceaux en démontrant qu’une autre voie est envisageable. A un, deux ou trois, un équilibre, même fragile, est encore possible. De quoi respirer à nouveau.

(7/10)Voir plus

Dernière modification il y a 2 ans


vincenzobino

il y a 2 ans

4.5: La loi du pantin
Philippe et Anne sont en instance de divorce. Comment ce couple parents de deux enfants; ce dirigeant d’une filiale d’une multinationale en est-il arrivé là?
Le voici ce dernier acte de la trilogie de Brizé sur le monde du travail. Après la trahison et le syndicalisme, place aux conséquences familiales. Un nouvel électrochoc.
La première séquence n’annonce rien de bon: un couple semblant avoir gâché son union et une certaine plaidoirie sur le gâchis. On ne s’en doute pas encore mais cette accusation va crescendo monter et exploser à la figure. Mais pas de la manière que l’on pourrait penser.
Si vous avez vu les deux premiers volets, vous aurez peut-être éprouvé de l’empathie ou du mépris, mais pas de la haine. Et dans ce troisième volet, cette haine ne va pas nous quitter : pourquoi être aussi aveugle sur les plans professionnels et la place familiale ainsi gâchée? Comment accepter de telles aberrations dans les discours de dirigeants robots pourtant aussi humains que vous et moi?
Je vous souhaite de ne pas connaître cette atmosphère de travail, qui par chance n’est pas la mienne : le travail est à fournir mais une certaine liberté est possible sans avoir besoin d’être tenu telle une marionnette. Et ce dernier plan de Brizé indélébile, qui va faire mal à quiconque connaissant cette situation et amener les deux sentiments des premiers volets susmentionnés frappe et nous ramène dans ce monde bien réel.
Lindon toujours aussi performant mais particulièrement ici où en l’espace de deux minutes, la notion de double face frappe et l’ultime plan est ce que fut Philippe : une marionnette.
A recommander vivement sauf si vous connaissiez actuellement cette pression.Voir plus

Dernière modification il y a 2 ans


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