Animal France 2021 – 106min.
Critique du film
Remettre l’être humain à sa place
Suivant le succès de son documentaire optimiste Demain, qui mettait en image des initiatives venant du monde entier en réponse aux crises sociales et environnementales, Cyril Dion revient avec Animal, un film mêlant la science à la philosophie pour questionner les relations qu'entretient l’Homo sapiens avec les autres espèces. Mais s’il est admirable par son fond, le long-métrage souffre de s’en contenter sans relever la dissonance cognitive de sa démarche.
Bella Lack et Vipulan Puvaneswaran ont beau militer depuis plusieurs années, ils ne voient toujours aucune avancée politique majeure pour la protection de notre planète. Aussi, les deux adolescents décident d’accepter la proposition de Cyril Dion, de partir à la rencontre de différents êtres, humains ou non, au gré d’interviews avec des sommités et des individus évoluant au contact d’autres animaux, pour mieux comprendre comment nous préserver de la 6e extinction de masse.
Poissons suffocants par milliers, animaux d’élevage torturés, cris d’un oiseau laissés sans réponse tandis qu’ailleurs vrombissent les tronçonneuses, autant d’images chocs qui convoquent notre inconfort primaire pour nous faire réagir, nous révolter dès les premières minutes du documentaire. Après une COP26 en demi-teinte et la multiplication des rapports alarmants sur l’état de la biodiversité, il va sans dire que le nouveau film du militant et réalisateur français Cyril Dion arrive à point nommé pour nous rappeler que tout n’est pas perdu. Que la mobilisation commence par un changement de regard sur la nature qui nous entoure et dont nous faisons irrémédiablement partie, malgré nos efforts pour nous en extraire afin de mieux la dominer. L’être humain ne vit pas dans une bulle, rappelle l’éthologue Jane Goodall, qui encourage les deux jeunes activistes, et ce faisant le public, à rejeter la misanthropie et le spécisme pour embrasser avec amour tous les animaux.
L’épopée qui suit se fait alors didactique, bien que cousue de fil blanc, des États-Unis au Costa Rica, de la Suisse à l’Inde, pour explorer les causes de l’extinction des espèces, liées aux bouleversements climatiques, et dénoncer tour à tour la surconsommation de viande, les chalutiers, la déforestation, l’élevage intensif et la chasse. Toutefois, pas la peine d’attendre une solution miracle puisque même les pistes concrètes, au-delà des actions individuelles, semblent finalement vaines, ce qui affecte l’intérêt même du film.
L’autre point négatif est malheureusement la forme, qui s'est certes améliorée par rapport aux précédents reportages tels Demain qui était calibré pour la TV, mais elle reste trop scolaire et rarement en phase avec les propos de fond. Par exemple, la mise en scène filme rarement un animal comme un individu, mais plutôt comme un objet d'observation, ce qui va à l'encontre de la philosophie revendiquée par le documentaire. De plus, lorsque ce ne sont pas les commentaires en voix-off qui accompagnent chaque geste des protagonistes ou des êtres rencontrés, c'est une musique envahissante qui empêche toute ambiance de s'instaurer.
Finalement, ce documentaire est loin d'être mauvais ou même inutile, notamment grâce à l’engagement de ses protagonistes et de leurs discussions inspirantes, sauf que c’est en se prétendant révolutionnaire, avec sa petite heure quarante-cinq et son périple de six mois en avion, qu’il échoue à se démarquer sensiblement des autres productions écologistes de son époque et ne parvient à toucher que les personnes déjà convaincues.
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Commentaires
Une belle claque mêlée à de vrais questionnement et magnifiques images du vivant ! Juste WoW !
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