La croisade France 2021 – 67min.

Critique du film

Tout petit précis d’écologie

Théo Metais
Critique du film: Théo Metais

Troisième réalisation de Louis Garrel et coécrit il y a quelques années avec son ami, le regretté Jean-Claude Carrière, dans La Croisade les enfants reprennent la main sur l’insouciance parentale. Objectif : sauver la planète !

Bien au chaud dans leur confort bourgeois, Marianne (Laetitia Casta) et Abel (Louis Garrel) se font pourtant voler par leur propre enfant, Joseph (Joseph Engel), qui collecte des fonds pour mener à bien un projet écologique d’envergure internationale. Lui, comme 850 autres enfants dans le monde, met la main à la poche (des parents) pour financer le sauvetage de la planète.

Dernier scénario du regretté Jean-Claude Carrière, conteur et scénariste célèbre pour ses collaborations notamment avec Luis Buñuel ou encore Louis Malle, Carrière a «Louis» fine et composait ici à quatre mains avec son ami Garrel. Il y a une belle idée, celle de la croisade des enfants comme le chantait Higelin, eux qui tentent de renverser les prédictions écologiques au nez et à la barbe de leurs géniteurs. Alors tout y passe, les fringues «vintage», les robes hors de prix, les montres de collection et l’original de Montaigne de papi.

Ainsi Marianne et Abel découvrent, non sans quelques sautes d’humeur, s’être fait dépouiller par leur fils Joseph (interprété par un Joseph Engel survolté) et La Croisade dévoile une (longue) heure d’une réalisation didactique, sage et bien linéaire. Ni vraiment drôle, ni particulièrement fantaisiste, le scénario de Carrière se perd dans des choix de mise en scène hermétique à la magie. Il y aura, certes, la joliesse d’une carte de l’Afrique illuminée au milieu d’un parc, et la belle vision d’espoir composée en tomber de rideau, mais Louis Garrel et Laetitia Casta se mettent en scène, ainsi que leurs vains problèmes conjugaux, dans une fable qui aurait dû être celle des enfants, mais qui s’écroule de devenir l’autocritique de la classe bourgeoise face à l’urgence climatique.

À l’image d’une scène d’ouverture inconsistante où Louis Garrel n’en finit plus de sillonner Paris en scooter pour rentrer chez lui, La Croisade est obnubilé par ses deux parents, alors que cela devait être la révolte des coloriés pour le climat. D’ailleurs au cinéma comme ailleurs, il faut apprendre à dire bonjour, quand on dit bien bonjour on a fait la moitié du chemin ! Alors d’être le dernier scénario de l’immense Jean-Claude Carrière, le long-métrage ne manquera pas d’éveiller une certaine curiosité cinéphile, or la proposition de Garrel est bien facile. Aux pays des enfants magnifiques, sans doute la caméra aurait elle gagné à observer la volte de ces adolescents pour la planète plutôt que d’écouter, ahurie, le récit des adultes étonnés. Alors peut-être approcherions-nous la horde, hurlante, des grandes fables écologiques sur l’enfance, à l’image d’un Beasts of the Southern Wild par exemple, un film qui a tué le père quand La Croisade menace inlassablement de le faire.

28.12.2021

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 2 ans

“Allô planète bobo”

Lorsqu’Abel et Marianne découvrent que leur fils Joseph a vendu sa trottinette, ils l’interrogent. Car ce n’est pas le seul objet de valeur qui a disparu dans le grand appartement. Du bout des lèvres, le garçon de 13 ans prétend que sa démarche vise à sauver la planète.

La vérité sort de la bouche des enfants : « Nous sommes en danger et si nous ne faisons rien aujourd’hui, demain il sera trop tard ». Discours connu et asséné régulièrement mais qui peine à déstabiliser le monde adulte. Quand ce sont les jeunes générations, plus inquiètes et inquiétées, qui prennent la parole ou descendent dans les rues, ne serait-il pas temps de tendre l’oreille ?

L’idée de départ est bonne et voir ce couple de bourgeois-bohèmes se liquéfier en découvrant la perte de montres de collection, millésimes rares et petite robe Dior a de quoi ravir. Des broutilles inutiles dont ils n’ont même pas remarqué l’absence jusqu’à présent. Et puis, plus grand-chose hélas : ramener de l’eau dans le Sahara, projet idéaliste presque convainquant ; éliminer au tirage au sort la moitié des grandes personnes, radicalité cruelle qui aurait pu donner un accent horrifique intéressant à ces révoltés de l’an 2021. Mais le film préfère s’emmêler dans des divagations mal amenées et survolées : une brume toxique sur Paris, la dissolution du couple, un dépucelage affirmé et une excursion à dos de dromadaire.

En attendant qu’arrive la fin, on continue à ramener ses achats dans des sacs plastique, commande et sert des sushis aux invités, puis fume des cigarettes électroniques, l’air de rien.

Scènes inutiles, cadrages approximatifs, image parfois floue, cette croisade qui dépasse à peine l’heure aurait dû se contenter d’être un court-métrage percutant.

(5.5/10)Voir plus

Dernière modification il y a 2 ans


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