En arrêtant de consommer de la nourriture, la population pourrait combattre la surproduction alimentaire et son impact environnemental et économique. Une idée développée par Jessica Hausner dans «Club Zero», commentaire cynique sur la suggestibilité humaine.

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À la demande de l'association des parents d'élèves d'un internat anglais, la nouvelle enseignante, Madame Novak (Mia Wasikowska), prend en charge le cours «Manger intelligemment». En suivant un régime strict, qui implique notamment de réduire fondamentalement sa consommation de nourriture et de s'en passer totalement à long terme, elle entend transformer les jeunes en membres du «Club Zéro». Peu à peu, la directrice de l'école ainsi que les parents se rendent compte de la proportion inquiétante que prend cette expérience. Reste à savoir s'il sera possible de l'arrêter.

La dystopie esquissée par Jessica Hausner n'est ni particulièrement originale, ni véritablement mise en valeur par l’esthétique de sa photographie. Son histoire, cynique et intransigeante, pourra même sembler discutable. En effet, si la satire aborde des thèmes importants tels que les troubles alimentaires, le culte de la minceur, la négligence des plus riches ou encore le sectarisme, elle ne parvient pas, même en les exagérant à outrance, à produire un commentaire pertinent. Au contraire, l'analyse paraît indélicate, certainement trop simpliste, et semble même se moquer des personnes concernées.

Une impression qui se reflète dans l’esthétique de l’œuvre, au visuel stérile et artificiel. La caméra reste fixe, mais zoome de temps à autre dans l’espoir d’apporter un peu de dynamisme, or la démarche laissera une sensation d'amateurisme. La couleur jaune domine l’ensemble de l’œuvre et se décline jusque dans les uniformes scolaires et les autres décors du film. Un concept esthétique qui aurait pu fonctionner, mais c’est surtout de la vie qui manque aux images.

«Club Zero» est le second long-métrage de la réalisatrice autrichienne à être tourné en Angleterre. Dans ce film, et après les expérimentations de «Little Joe», elle s’est tournée vers un style narratif encore plus clinquant, superficiellement percutant, qui n'a plus rien du charme mystérieux et subtilement ironique de ses œuvres précédentes comme «Hotel» (2004) ou «Lourdes» (2009).

(Cannes 2023. Traduit de l'allemand)