A l'Ouest, rien de nouveau Allemagne, Royaume-Uni, Etats-Unis 2022 – 147min.
Critique du film
Le dernier quart d’heure
Adapté d’un grand classique de la littérature du XXe siècle, le cinéaste allemand Edward Berger nous embarque au plus près des horreurs de la Première Guerre mondiale.
Il appartient parfois au cinéma de faire naître des émotions complexes au cœur de films que nous aurions presque souhaité ne jamais avoir vus. «À l'Ouest, rien de nouveau» sera certainement de ces œuvres. Abjecte, éprouvant, le spectacle de désolation offert par le périple du soldat Paul Bäumer et ses camarades est d’une abomination telle qu’il pourra écorcher. Pourtant, et une fois les 2 h 30 digérées, la contemporanéité du message est on ne peut plus vibrante.
Les grands angles de James Friend et ses plans douloureusement magnifiques, les mêmes qui vaudront à Roger Deakins une nomination aux Oscars pour 1917, rappellent combien la mise en scène des ignominies de la guerre à l’écran est complexe. 1917 avait fait la part belle à la technique, d’ailleurs prodigieuse, pour nous immerger au cœur du périple herculéen du grand-père de Sam Mendes sur la ligne Hindenburg. Et nous voilà de l’autre côté de l’histoire, du moins à quelques encablures, non loin du Chemin des Dames.
En 1917 l’Allemagne encaisse d’énormes pertes humaines, et bientôt un certain Matthias Erzberger (incarné par Daniel Brühl aussi producteur) entend mettre un terme à l’innommable. Dans la forêt de Compiègne, l’Armistice est sur les rails, mais à l’aube de l’arrêt des combats, la guerre persiste jusqu'au 11 novembre 1918 à 11 heures précise. C’est dans cet interstice de quelques mois que se glissent le livre éponyme du journaliste et écrivain Erich Maria Remarque, et aujourd’hui le visionnage épineux d’«À l'Ouest, rien de nouveau». «Seule une fierté mal placée nous sépare d’un cessez-le-feu définitif» entendons-nous de la voix d’Erzberger. Entre-temps, la «jeunesse de fer» de l’Allemagne se heurte aux flammes, aux tanks, au gaz, à l’hiver et aux rats.
Un film qui posera une nouvelle fois la précieuse et inflammable question de la représentation des horreurs. Pour la méditer, le cinéaste et ses équipes nous livrent le paysage épouvantable de cratères apocalyptiques, pareils à la lune, et des corps qui s’y entassent et se confondent à la terre. Une pellicule anxiogène, asphyxiante, marécageuse, où la boue des tranchées se gorge d’une pluie diluvienne, de barbaques démembrées, putrides; et du sang coulé pour défendre une ligne qui, 3 ans durant, va terrasser trois millions de vies.
L’œuvre originale adaptée à six mains ne rate aucun des élans pacifistes, et l’ingéniosité du montage de Sven Budelmann nous le rappelle chaque fois. Ni manichéen ni esthétisant, si certains plans s’éternisent, les performances des acteurs permettront au film de surnager au-dessus d’une simple mise en scène des boucheries de l’Aisne. L’autrichien Felix Kammerer y est d’ailleurs crépusculaire. Première adaptation venue d’Allemagne après les adaptations de Lewis Milestone en 1930 et plus tard en 1979 par Delbert Mann, «À l'Ouest, rien de nouveau» vous prendra par les tripes. Une œuvre antimilitariste, stridente et viscérale, un hurlement pour la paix.
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Commentaires
“Boucherie chevaline”
Mai 1917, Paul et ses amis s’engagent enthousiastes dans l’armée allemande. Ils rêvent de conquérir Paris, mais c’est l’enfer des tranchées qui va les emporter.
Quoi de neuf sous le ciel européen en guerre ? Un point de vue germanique peut-être, sauf si les deux premières adaptations cinématographiques du roman du même nom sont connues. Cette jeunesse qui se réjouit d’aller au combat comme si elle partait en week-end et qui dédaigne de se questionner sur l’uniforme reçu étiqueté au nom d’un autre, déstabilise par sa naïveté, son ignorance. A l’abri dans leur palais, les généraux à l’égo renflé décideront de leur sort. C’est fou ce que l’on peut tuer d’hommes en un quart d’heure. Le récit est éprouvant, ne laissant aucun espoir aux héros de guerre ni aux spectateurs pris en otages. Une image esthétisante et des plans sophistiqués parachèvent ce long pensum qui n’épargnera personne.
(5/10)… Voir plus
Dernière modification il y a 7 mois
Je viens de voir le film en Suisse. Il me laisse un gout amer. Tout débute bien. Bons décors, bons acteurs, réalisme des combats. Malheureusement et de facon assez incompréhensible, tout est gaché aprés la 1ere demi-heure par un scenario juste abracadabran, qui ne suit juste pas l'oeuvre originale.Liste des incongruité:[spoiler] Paul garde son casque transpercé d'une balle pendant 18 mois, utilisation des lances flammes par l'armée francaise en Nov 18, . Les paysans francais sur la ligne de front possedant moulte volailles et betail en plus d'un fusil et qui s'attaquent aux allemands venant les voler. Le general allemand qui lance une attaque le 11 Novembre 1918 a 10h45 (ridicule)...et les soldats obéissent. Paul mert le 11 Novembre a 10h59 (oct18 dans le livre)[/spoiler]..Au vu des performances des soldats francais dans le film, on se demande comment ils ont gagné la guerre (c'est presque insultant), et pour finir,[spoiler] un epilogue ou on nous raconte que le front n'a pas bougé depuis 1914 alors qu'en Nov18, les allemand etaient en retraite rapide et que la France etait quasi libérée[/spoiler]. Quel dommage, ils avaient un scenario tout fait (et quel scenario), visblement un bon budget, de bons acreurs et ai final ils tombent dans le ridicule. Vraiment dommage...Qui plus est, il semble que les réalisareurs n'aient rien compris au titre du livre...… Voir plus
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