Jurassic World : Le Monde d'après Etats-Unis 2021 – 147min.

Critique du film

Saga désincarnée

Théo Metais
Critique du film: Théo Metais

Un chapitre final qui complète le cycle du Jurassic, un film empreint de nostalgie, dans lequel s’éparpille une intrigue aussi titanesque qu’inconsistante.

À l’heure du neo-jurassic, les humains et les dinosaures cohabitent sur terre, et «Jurassic World : Le Monde d'après» confirme ce que présageaient «Battle at Big Rock» (2019), le court métrage de Colin Trevorrow, et les 5 minutes de prologue : à quelques exceptions près, cette nouvelle ère n’a rien d’un paisible zoo à ciel ouvert. Quatre années se sont écoulées depuis la destruction d’Isla Nublar; une situation désastreuse que nous expose une journaliste en ouverture du métrage. Le ton est donné, les géants du jurassic dérèglent les équilibres écologiques et des nuées de criquets géants ravagent les cultures.

Bryce Dallas Howard continue ses actions de protection des dinosaures, et Chris Pratt n’en finit plus d’astiquer le catalyseur de sa Triumph. Alchimie artificielle, les parents adoptifs protègent Maisie entre les quatre murs de bois d’un cottage isolé en l’Alaska. La jeune adolescente est une précieuse denrée scientifique, de même que le bébé de Blue qui vit dans la forêt environnante. Et ce qui devait arriver arriva… Quelques malfrats tatoués kidnappent le duo et les parents tenteront de ramener tout le monde au bercail. D’autant qu’Owen a fait une promesse à un dinosaure !

Ainsi, Colin Trevorrow rassemble les générations, recycle, galvanise son auditoire de quelques notes nostalgiques et prétexte une intrigue bien légère pour réveiller ses icônes d’antan. En effet, Laura Dern et Sam Neil enquêtent en duo sur les travaux de manipulation génétique de l’entreprise Biosyn et son patron. En parallèle, Owen et Claire s’empressent de retrouver Maisie dans les arcanes d’un décorum emprunté à No Time To Die. Et en tandem avec la scénariste Emily Carmichael, le cinéaste écartèle une histoire indigeste et des personnages qui n’en finissent plus de s’éparpiller.

Pop culture mémorielle qui ressert les débris de sa légende, à l’orée de l’hommage plan par plan, le spectacle sera essentiellement visuel. Et alors que l’anthropocène est menacée, l’utopie diabolique de la manipulation génétique persiste, encore et toujours. Du haut de ses 165 000 000 $, «Jurassic World : Le Monde d'après» n’a vraisemblablement plus grand-chose à dire et se contente de divertir au cœur de son propre écosystème. Seul Jeff Goldblum, toujours aussi drôle, nous fait penser qu’un piètre sequel de son personnage aurait été plus divertissant que cette conclusion désincarnée.

Si l’œuvre avant-gardiste de l’écrivain Michael Crichton mettait en garde sur les Dr. Folamour de la génétique, 32 ans plus tard, aurions-nous pu envisager que Le Monde d'après se fasse le porte-parole d’un nouvel espoir ? Celui, par exemple, de la paisible réintroduction des espèces, d’une génétique vertueuse, d’une utopie écologique salutaire, d’une harmonie du vivant ? Mais il n’en sera rien. Colin Trevorrow vient de brûler nos espoirs dans un gigantesque brasier de sauterelles.

08.06.2022

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Commentaires

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vincenzobino

il y a 2 ans

Dolomythe
Les dinosaures sont sur terre et les humains tentent d’accepter leur présence. Mais Lockwood Jr est déterminé à exploiter nos ancêtres et ses derniers, de même que les anciennes et actuelles équipes scientifiques ou chasseurs ne l’entendent pas de cette oreille et une région montagneuse italienne semble propice aux retrouvailles.
La voici cette troisième partie de la postlogie préhistorique. Après deux premiers opus de moyenne qualité, l’espoir suscité par les retrouvailles des anciens promettait un petit miracle. Nous n’en sommes pas loin
Ce mixage de générations et les retrouvailles annoncées semblaient compromise de par le rôle de Ian. Et première surprise scenaristique, la volte-face est trop vite détectée. Claire nous paraît de plus en plus emphatique et Owen toujours aussi tête brûlée.
Le changement véritable de ce troisième opus vient du rythme sans trop de longueurs mais avec à mon sens pas assez de séquences effrayantes même si nous voyons davantage de bébêtes disparues et qui auraient du le rester définitivement. Il y a également une amusante redécouverte des Dolomites théâtre du gros de l’action et une assez touchante évocation de l’abandon et du rejet enfantins.
Il demeure néanmoins un regret, un manque : un sursaut épouvante véritable, tel que Tonton Steven avait su inclure dans ses deux opus réalisés. Ici tout ou presque est prévisible avec notamment une assez étrange séquence raptorienne qui en fera sans doute sourire.
Et justement, si vous cherchez ce côté auto-satirique involontaire, cette expérience se laisse voir...Voir plus


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