Critique du film
La mémoire qui flanche
Adapté de la bande dessinée éponyme, «La Page blanche» est le second film de Murielle Magellan après son «Moi, grosse», sorti en 2019 à la télévision et également dans le registre de la comédie. On y suit Eloïse, campée par Sara Giraudeau, en proie à une amnésie qui lui fera repenser toute son existence.
Eloïse (Sara Giraudeau) se réveille en pleine journée, assise sur un banc d’une coquette place parisienne, sans avoir le moindre souvenir : la totalité de sa vie antérieure demeure un flou total. Elle devra alors se lancer dans une quête existentielle pour comprendre qui elle est. Ou plutôt qui elle veut devenir…
Dès l’ouverture de «La Page blanche», Murielle Magellan nous montre son envie de créer de l’image. La photographie est léchée, la mise en scène sort des canons habituels des comédies françaises populaires. Et forte de son expérience bien huilée de scénariste, la réalisatrice nous propose à partir d’une situation éculée – l’amnésie et le besoin de se reconstruire qui en découle – une quête comique, mais existentielle, drôle, mais non dénuée de propos.
Bien que Pierre Deladonchamps en personnage lunaire et Grégoire Ludig en patron ubérisé tiennent bien la route, accorder le rôle principal à Sara Giraudeau est peut-être la meilleure idée du film. Son ton aérien insuffle une fraicheur bienvenue dans le long-métrage qui lui laisse la place nécessaire pour étaler une palette de jeu qu’on ne lui connait pas forcément. Fragile, mais maîtresse de son destin, elle participe en grande partie au parfait tempo comique qui rythme «La Page blanche». Si certains choix esthétiques – notamment les parties dessinées – restent douteux et malgré un ventre mou qui plombe la seconde moitié du film, ils n’entachent pas cette petite comédie rafraichissante qui, au vu des rires dans la salle, a su convaincre son public.
(Festival du film français d’Helvétie 2022)
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