Lauréate du 59ᵉ Prix de Soleure, dans «L'audition», Lisa Gerig a demandé à quatre demandeurs d'asile de revivre un moment particulièrement sensible de la procédure.

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Ils viennent du Nigeria, du Cameroun, d'Afghanistan et d'Inde. Face au personnel du Secrétariat d’État aux migrations, quatre demandeurs d’asile revivent une version fictive de l’audition durant laquelle ont leur a demandé de décrire les motifs de leur exil. Ainsi, ces requérants déboussolés racontent leurs histoires, et bientôt, les rôles s’inversent. Les interrogés interrogent à leur tour, ouvrant la porte à une myriade de questions.

Diplômée de la Haute école des arts de Zurich, il y a longtemps que Lisa Gerig milite dans le domaine de l’asile. Et pour son premier long-métrage documentaire, la cinéaste a décidé de démanteler cette épineuse question sur grand écran. Une démarche remarquée et remarquable qui lui vaudra d’ailleurs de trôner fièrement en janvier dernier avec le 59ᵉ Prix de Soleure (prix de cinéma le mieux doté de Suisse).

«L'audition» ne précise pas comment la vaudoise a procédé pour convaincre ces quatre requérants d'asile de revivre ce délicat entretien devant la caméra. Le documentaire précise néanmoins que l’exil de ces quatre personnes était loin d’être anodin, aussi mal préparées fussent-elles, pour en justifier la nécessité à un membre du SEM (Secrétariat d’État aux migrations) en charge d’attester de la véracité des parcours.

Rédaction du procès-verbal, traduction. Le cadre y est sobre, au diapason de ces procédures réglementées. Et bien que les fonctionnaires soient soumis au secret professionnel, une vérité grinçante émerge dès les premières images. En effet, et c’est bien là que «L'audition» frappe fort, il ne tient qu’à une personne de décider, sur la base de sa position et de sa seule appréciation personnelle, ce qu’elle considère comme un récit crédible ou non. En résulte un film bouleversant qui remet en question toute la procédure d'asile en Suisse.

(Adapté de l’allemand)