«Une autre vie que la mienne» de Malgorzata Szumowska et Michal Englert trace le difficile parcours d'une femme trans dans la Pologne conservatrice et post-communiste. Un long métrage d’une grande sensibilité.

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Dès son adolescence, Andrzej (Mateusz Wieclawek) se sent pris au piège d’un corps qui n’est pas vraiment le sien. Mais dans une Pologne marquée par le communisme et de plus en plus catholique, vivre ouvertement sa différence n’est pas une option. Après avoir construit une vie, épousé Iza (Bogumila Bajor/Joanna Kulig) et fondé une famille, Andrej décide pourtant de ne plus se cacher et prend le nom d’Aniela (maintenant sous les traits de l’actrice Malgorzata Hajewska).

À travers le monde, la communauté LGBTQAI+ doit faire face aux difficultés mises en place par des sociétés discriminatoires. De nombreux pays d’Europe centrale, comme la Pologne, ne possèdent toujours pas de lois qui préconisent ou soutiennent l'égalité des genres et des sexualités. Le parcours d’Andrzej pour laisser Aniela transparaître au grand jour est donc mis à mal. Les médecins vont jusqu’à lui injecter de la testostérone et la pousser à fréquenter des prostituées afin de forcer sur sa personne une sexualité dite normale. Mais, malgré le rejet de son entourage, Aniela persiste et va jusqu’à se tourner vers des activités illégales pour pouvoir financer les traitements hormonaux nécessaires.

Si Andrzej est joué par l’acteur Mateusz Wieclawek, Aniela, une fois la transition bien en marche, se retrouve interprétée par Malgorzata Hajewska, une actrice cisgenre. Dans une interview la réalisatrice Malgorzata Szumowska explique cette décision en précisant que la majorité des écoles d’arts dramatiques polonaises ne forment que des personnes cis et binaires et que, conseillée par personnes issues de la communauté trans, iels étaient tous tombés d’accord sur le fait que le rôle exigeait avant tout une actrice accomplie.

Ballotté par les obstacles de la vie, le parcours d'Aniela pourrait être aussi un miroir des changements subis par la Pologne depuis la fin du bloc de l’Est. Et, au cours des 40 dernières années, le pays tout entier semble lui-même se chercher, afin de pouvoir enfin découvrir sa propre identité

(Adapté de l'allemand)