Le Livre des solutions France 2023 – 102min.
Critique du film
Du Gondry ? En veux-tu, en voilà !
Blanche Gardin. Présenté à la Quinzaine des cinéastes, Le Livre des solutions s’affiche comme une œuvre inégale, pour ne pas dire décevante.
Marc (Pierre Niney), un jeune réalisateur aux idées saugrenues, présente à ses producteurs une première version de son nouveau film. Très inquiets par ce qu’ils découvrent, ces derniers lui annoncent le retrait de leur financement et confisquent le final cut du projet. À la suite de cette annonce, le cinéaste dérobe la bobine et s’enfuit chez sa tante Denise, dans un petit village des Cévennes. Avec son équipe technique, Marc met tout en place pour terminer cette réalisation qui lui tient à cœur.
Dès son ouverture, Le Livre des solutions paraît être à la hauteur de l’événement : la scène dans laquelle Marc présente son film à ses producteurs amuse, et Michel Gondry donne l’impression d’avoir trouvé le cadre idoine pour installer son humour absurde. Le début du film semble même annoncer une œuvre en mesure d’outrepasser nos attentes.
Notre enthousiasme résulte plus particulièrement de la sincérité avec laquelle Gondry fait de Marc une sorte d’alter ego de lui-même. Ce parallèle apparaît très distinctement avec la tournure que prend la retraite artistique du personnage : plusieurs scènes nous le montrent en train de bricoler, de donner vie à son imagination débridée. En d’autres termes, sa virée campagnarde révèle un goût prononcé pour l’amateurisme, l’inscrivant dans un rapport étroit avec Gondry (son amour pour l’artisanat habite ses films précédents ; on pense à Microbe et Gasoil et Soyez sympas, rembobinez).
Bien qu’émouvant par instants, Le Livre des solutions est une œuvre qui se tient difficilement dans son ensemble. La générosité qui en émane donne certes lieu à quelques fulgurances, mais sa profusion comporte aussi bon nombre de gags anecdotiques. C’est au fond un problème récurrent chez le réalisateur : son fourmillement d’idées confère régulièrement à ses réalisations un côté fourre-tout qui stimule le public autant qu’il peut l’ennuyer. Enfin, l’interprétation de Pierre Niney, elle aussi inégale, dilue l’efficacité du film plus qu’elle ne la solidifie. Là-aussi, c’est peut-être toujours le même problème : à force d’accumuler les mauvais choix de rôle, l’acteur prometteur commence à s’enfermer dans une légèreté qui – à dire vrai – ne lui sied pas vraiment.
(Cannes 2023)
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Commentaires
“Alter ego”
Les producteurs de Marc Becker ne sont pas du tout satisfaits de cette première mouture. Sous pression, le réalisateur s’enfuit chez sa tante dans les Cévennes avec sous le bras, ses rushs et son équipe complice.
Un ensemble de câbles électriques défile, aérien, complexe. L’arrière d’un écran de télévision ou les circonvolutions symboliques d’un cerveau embrouillé, pour ne pas dire malade. Marc est bipolaire, triste le matin et manipulé l’après-midi. Pilules jetées dans les toilettes, il devient une pile électrique, oscillant entre le génie et l’insupportable, éreintant petit à petit la patience d’assistantes bien consentantes : structure palindromique, « camiontage », porte-savon chaise, orchestre dirigé avec le corps, Gordon Sting… Ses drôles d’idées qu’il consigne dans un guide pratique contaminent son espace vital et celui des autres.
De retour aux affaires après huit ans, Michel Gondry, le papa bricole, se livre comme jamais, intime. Jouant la carte du narcisse fané, il trouve en Pierre Niney un alter ego idéal. Yeux de biches et face de fouine, l’acteur rusé comme un renard se donne tout entier, alliant aussi bien la séduction que l’antipathie. Autour de lui, son monde essentiellement féminin lui résiste comme il le peut, entre douceur et lucidité. Mais l’irraisonnable irraisonné s’enferme dans son délire et emporte avec lui son œuvre jusqu’à un absurde teinté de poésie. L’échec, ce sont des problèmes entrecoupés de solutions, alors que le succès, ce sont des solutions entrecoupées de problèmes. De quel côté penchera la balance ? L’angoissé Marc préfère ne pas regarder, se dissoudre et disparaître.
(6.5/10)… Voir plus
Dernière modification il y a 1 an
Très touchée par ce film qui illustre avec délicatesse la douleur et le génie liés à la schizophrénie. Pierre Niney y est extraordinaire de vérité. Le personnage de Denise révèle le pouvoir apaisant de l’amour qui ne juge pas et le chemin si difficile des personnes atteintes et de leurs proches. À voir pour tenter de comprendre… Voir plus
Le nouveau film de Michel Gondry qui a quand même à son actif quelques très belle réussites, mais me semble-t-il c'est pris les pieds dans le tapis. Je ne suis jamais arrivé à rentré dans l'histoire et le résultat c'est que Pierre Niney devient presque agaçant... Quelques moments pour rire mais très vite on retombe dans le loufoque qui ne fait pas rire. En bref, j'irai probablement le voir une deuxième fois car Gondry n'est pas un metteur en scène simple à comprendre. (G-19.09.23)… Voir plus
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