Linda veut du poulet ! France, Italie 2023 – 76min.

Critique du film

Le sacre en Cristal à Annecy

Critique du film: Marine Guillain

Déjà présenté à Cannes, «Linda veut du poulet» a été sacré meilleur long métrage samedi, au Festival du film d’animation d’Annecy. Ce bonbon coloré est un régal pour les yeux et pour le cœur.

Linda vit seule avec sa maman, Paulette. Celle-ci ne lui sert que des plats surgelés, alors que tout ce dont rêve Linda, c’est de manger un bon poulet, seul souvenir qu’il lui reste de son papa, décédé quand elle était petite (séquence d’introduction du film fort marquante). Le jour où Paulette punit injustement sa fille, elle lui demande ce qu’elle peut faire pour se faire pardonner. «Un poulet aux poivrons», répond Linda sans hésiter! Sa mère lui promet donc de se mettre aux fourneaux le lendemain. Sauf que… c’est la grève! Tous les magasins sont fermés, impossible de se procurer la volaille.

Démarre alors une aventure rocambolesque. Paulette veut tenir sa parole à tout prix et elle est prête à tout - même à ce qui n’est pas très légal - pour satisfaire les papilles de sa fille. L’hilarante chasse au gallinacé commence en duo, mais se poursuit avec une flopée de personnages hauts en couleur: un livreur de pastèques, une sœur prof de yoga incapable de rester zen (voix de Laetitia Dosch), un policier à côté de la plaque, une épicière, un bébé, un chien, un chat, des copines… au final, tout le voisinage s’en mêle et embarque les spectateurs et les spectatrices dans cette folie singulière.

Le scénario extrêmement original de «Linda veut du poulet» a dû bien éclater Chiara Malta et Sébastien Laudenbach, qui ont remporté samedi 17 juin le Cristal du long métrage au Festival d’Annecy - plus haute récompense mondiale du cinéma d'animation. Déjà présenté à l’ACID au dernier Festival de Cannes, le film de 1 h 13 succède ainsi au «Petit Nicolas: Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux?». Il doit sortir dans nos salles le 18 octobre prochain.

Visuellement, les personnages semblent être griffonnés dans un style enfantin en live, chacun étant associé à une couleur vive (du jaune pour Linda, du vert et du violet pour ses meilleures amies, de l'orange pour sa mère…) «C'est un film dont la singularité ne s'est jamais démentie, qu'il s'agisse de son sujet ou de son esthétique, avec cette palette chromatique extrêmement forte mise au point par Chiara et Sébastien», a déclaré Marcel Jean, Directeur artistique du Festival d'Annecy, lors de la remise des prix.

Si l’on émet un petit bémol sur les morceaux choisis pour la bande-originale, qui manquent d’adéquation avec l’esprit turbulent du film, on garde en tête le mélange de poésie et de tendresse qui abordent de vrais sujets (le deuil, la solidarité) avec un ton si espiègle que cette désopilante recherche de poulet par jour de grève se dévore avec joie. Une épopée aussi surprenante que réjouissante, qui fait rire et fait du bien.

(Annecy 2023)

19.06.2023

4.5

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