Marie-Line et son juge France 2023 – 103min.
Critique du film
Le serpent qui se mord la queue
Après l’adaptation de Profession du père (2021) de Sorj Chalandon, Jean-Pierre Améris poursuit son passage de l’écrit à l’écran en transposant le roman «Changer le sens des rivières». Porté par le duo formé par Michel Blanc et la chanteuse Louane, le film se vautre dans les clichés. Alors qu’il voudrait dénoncer les préjugés, il en produit à la pelle.
Marie-Line (Louane) est serveuse au Funiculaire, bistrot du Havre. Un jour, elle croise le regard d’un étudiant en cinéma, Alexandre (Victor Belmondo). C’est le coup de foudre. Leur relation fusionnelle prend un tournant lors d’un repas avec des amis. Marie-Line ne sait pas qui est Truffaut ou Tarkovski. Lorsqu’elle fait remarquer que son job ne sert pas à payer ses études et que l’on mentionne la « cinéphilie », l’écart se creuse. Alexandre s’éloigne de son amoureuse aux mèches roses, jusqu’à ce qu’une dispute éclate. Coup sur coup, Marie-Line perd son travail et se retrouve au tribunal, face à un juge (Michel Blanc) qui n’est autre qu’un client fidèle de Marie-Line.
«Marie-Line et son juge» suinte le déjà-vu. L’histoire n’est pas sans rappeler le film d’Yvan Atal, «Le Brio». Dans ce dernier, Camelia Jordana incarnait une étudiante « banlieusarde » en droit, prise sous l’aile d’un professeur de faculté (Daniel Auteuil). L’effet pygmalion dans «Marie-Line» est des plus similaire. Le tandem est celui d’un juge (homme blanc septuagénaire !) cultivé qui apprécie le whisky sec, endosse un imperméable et ne sort jamais sans son cartable en cuir. Face à lui, une femme de 24 ans vivant avec son père malade et que l’on présente comme extravagante (des tatouages et un look hors des codes) limitée intellectuellement (il faut lui expliquer un mot sur deux), mais heureusement pour notre homme de loi, sa petite protégée est pleine de bonne volonté.
Le clivage social, tel que représenté par ces deux antagonistes, abonde finalement dans le sens de l’un au détriment de l’autre. Le discours gagnant, qui témoigne aussi d’une autorité morale - l’adjectif possessif du titre en témoigne - donne raison à la longue liste de clichés présents dans le film. On se serait bien passé d’une pareille démonstration réactionnaire.
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Commentaires
Encore un film cousu de fil blanc, mais comme ça fait du bien d'en ressortir avec l'espoir que tout peut s'arranger et que la vie est belle. Le scénario n'est pas très original mais il y a beaucoup d'émotion, de bons dialogues et répliques. Michel Blanc est fidèle à lui-même et Louane que je découvre est assez convaincante. Et puis il y a Victor Belmondo que j'apprécie beaucoup. Une jolie comédie sous forme de fable que j'ai beaucoup apprécié. (G-13.10.23)… Voir plus
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