Renfield Etats-Unis 2023 – 93min.

Critique du film

Quand Nicholas Hoult sort de sa Cage

Théo Metais
Critique du film: Théo Metais

Le réalisateur Chris McKay reprend le mythe de Dracula à son com(p)te et se penche sur la sombre et inquiétante relation qui l’unit à son sbire.

Ils se sont rencontrés il y a bien des lunes en Transylvanie. Jadis embauché comme avocat du comte Dracula (Nicolas Cage), le teint blafard et la mine basse, Renfield (Nicholas Hoult) souffre aujourd’hui de siècles de servitude et de codépendance. Et alors qu’il tente de couper le cordon, l’émancipation de Renfield ne sera pas de tout repos. Diable qu’il est délicat de sortir d’une relation toxique.

Dans l’univers pour le moins étoffé des spin-offs, (films ou séries dérivées et créées à partir d’une œuvre originale), l’idée d’un long-métrage consacré à «Renfield» paraissait aussi prévisible qu’évidente. En effet, le sillage était déjà bien tracé et le célèbre personnage du roman de Bram Stoker n’en est pas à sa première incarnation. Notons par exemple Roland Topor, emblématique et en allemand chez Werner Herzog, Samuel Barnett, crépusculaire dans la plus récente série «Penny Dreadful», ou encore Tom Waits dans le chef-d'œuvre de Francis Ford Coppola. Et voilà que Nicholas Hoult («Warm Bodies», «X-Men») reprend le sacro-saint flambeau de ce Renfield, qui, péniblement, tentera de se libérer de cette union qui le fige aux pieds du monstre.

Contemporaine, universelle, la métaphore de cette émancipation douloureuse ne manquera ni d’éloquence ni d’hémoglobine. L’incarnation baroque et finalement assez fluide de ce Dracula par Nicolas Cage, ouvre aussi la porte à un large dialogue sur les relations et les rapports de force en général. Un discours sur la servitude (volontaire) qui n’aurait certainement pas déplu à La Boétie, toutefois, «Renfield» aura des airs un peu racoleurs.

Sous la plume du scénariste Ryan Ridley («Rick and Morty») et l’œil expérimenté de Robert Kirkman, créateur de «The Walking Dead», si Renfield rencontre l’amour (Awkwafina malheureusement trop à l’arrière-plan dans ce personnage), son récit sert plus de prétexte à un dégorgement de violence visuelle qu’à une véritable exploration de l’oppression de son personnage. 1 h 30, un format probablement trop étroit pour des scénaristes plus habitués à développer leurs protagonistes dans des séries plus étirées. Une envie de bouffonnerie et de burlesque au cœur d’une œuvre sombre, à l’atmosphère délicieusement kitsch, sanglante. Il y avait là un louable projet. Et «Renfield» aura l’ambivalence d’une œuvre à la fois éprouvante et ravissante qui pourtant s’oublie bien trop rapidement au sortir de la salle.

31.05.2023

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