Saltburn Etats-Unis 2023 – 127min.

Critique du film

Le film décadent qui affole la toile

Critique du film: Kilian Junker

Nouvelle sensation fraîchement débarquée sur Prime Video, «Saltburn» est le second film de la réalisatrice britannique Emerald Fennell après son «Promising Young Woman».

Oliver Quick (Barry Keoghan) s’intègre difficilement dans le monde singulier de la prestigieuse université d’Oxford. Dans cet univers à part, il remarque rapidement Felix (Jacob Elordi), un étudiant bien sous tous rapports, meneur et constamment avantageusement entouré, pour lequel il développe un intérêt frisant l’obsession. Ainsi, la soudaine invitation de Felix à habiter à ses côtés dans la riche demeure familiale de Saltburn dépasse toutes les espérances d’Oliver. Il va se retrouver propulsé au sein d’une aristocratie décadente dont il peinera à intégrer tous les codes…

Son «Promising Young Woman» l’avait élevée en tête de la liste des nouvelles réalisatrices à suivre, et c’est peu dire qu’Emerald Fennell était attendue au tournant pour sa nouvelle production. Première réussite : «Saltburn» aura su faire parler de lui. Entre un engouement TikTok sur fond de «Murder on the dancefloor» et une pullulation d’articles listant les scènes les plus choquantes du long-métrage, nul doute que le film aura su faire couler de l’encre. Mais niveau cinéma, c’est plus compliqué… En victime du syndrome du second film, Fennell veut constamment taper plus fort que dans «Promising Young Woman» et sort l’artillerie lourde côté mise en scène tapageuse. 35 mm ravageur, avalanche de néons, amples mouvements de caméra, on sent que la réalisatrice souhaite impressionner, mais cette surabondance d’effets tape-à-l’œil peine à dialoguer avec le fond du film.

Un fond qui voudrait lorgner du côté du Pasolini de «Théorème» ou de «Salò». Malheureusement, «Saltburn» offre une image décadente où la débauche de sexe et de violence reste somme toute très contenue, bien moins marquante que celle des films du réalisateur italien. Pire, Fenell peine à marier ses envies d’immoralité à un véritable appareil critique, comme c’est le cas notoirement dans «Théorème». N’en reste qu’un film en creux, alourdi de son esthétique de clip, plutôt vide intellectuellement, qui tente en dernier recours de choquer sans jamais vraiment y parvenir. Et si l’ultime rebondissement peinera à convaincre, on se contentera de l’interprétation au cordeau des deux acteurs principaux qui sauvent le projet et en font un visionnage jamais déplaisant. «Saltburn» ne sera pas le chef-d'œuvre d’Emerald Fennell, mais elle n’en reste pas moins une réalisatrice à suivre.

27.05.2024

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