The Creator Canada, Etats-Unis 2023 – 133min.
Critique du film
Le soulèvement des machines par le réalisateur de Rogue One
Aux abonnés absents depuis son «Rogue One : A Star Wars Story» (2016), Gareth Edwards est de retour en salles avec un film de science-fiction original et visuellement sublime qui a affolé les premières critiques américaines.
Dans un futur proche, l’intelligence artificielle s’est développée au point que les robots font désormais partie intégrante de la société. Après une attaque nucléaire sur Los Angeles, les États-Unis se lancent dans un conflit sans merci contre ces derniers, réfugiés en Asie. Au cœur de cette guerre, Joshua (John David Washington) est chargé de retrouver la dernière arme du Créateur, la personne à l’origine de l’intelligence artificielle. Il découvre alors que cette arme n’est autre qu’un prototype prenant les traits d’une petite fille (Madeleine Yune Voyles).
À une époque où la grande majorité des blockbusters doit s’appuyer sur des franchises connues pour espérer voir le jour, l’arrivée de «The Creator» au cinéma est un petit événement dans le paysage hollywoodien. En proposant une œuvre de science-fiction qui n’est tirée d’aucun matériel préexistant, Gareth Edwards livre une fois de plus un spectacle solide, respirant le savoir-faire. Malgré un budget dérisoire par rapport à ce qui est habituellement octroyé par les studios à des films de ce genre, le réalisateur de «Monsters» (2010) et «Godzilla» (2014) creuse un écart significatif sur le plan visuel.
Les effets numériques, tout bonnement exceptionnels, soutiennent une direction artistique léchée, mêlant différentes cultures asiatiques traditionnelles avec une technologie avancée, tout en étant sublimés par la photographie du désormais prolifique Greig Fraser et de son collaborateur Oren Soffer. Il faut également dire que les tournages en extérieurs, les décors en dur ainsi que les interprètes de chair et d’os incarnant les robots imposent une tangibilité et une cohérence à l’univers porté à l’écran : on y croit, là où la concurrence a tendance à s’abandonner au tout-numérique. Dommage qu’Edwards ne se soit pas plus lâché pour sa mise en scène, efficace bien que peu innovante, mais on retrouve tout de même son talent pour filmer les cataclysmes ou les structures gigantesques.
Si le long-métrage dévoile un monde original, son récit ne l’est pas pour autant. Le réalisateur et scénariste ne cache pas ses influences – de «Terminator 2 : Le jugement dernier» (1991) à «Blade Runner» (1982) en passant par «A.I. Intelligence Artificielle» (2001) – et en tire des pistes de réflexions stimulantes, mais sans jamais véritablement dépasser ses citations. Le récit demeure valide et l’émotion parvient à prendre le dessus en fin de compte, cependant on ne peut que regretter l’intrigue cousue de fil blanc et les quelques raccourcis scénaristiques.
En contrepartie, la passion qu’Edwards insuffle dans sa narration et ses personnages, tous campés par une distribution impliquée, peuvent faire oublier ces quelques lacunes qui ne gâchent toutefois en rien la séance. Le réalisateur a déclaré qu’il avait conçu «The Creator» comme une somme des œuvres l’ayant fait vibrer durant son enfance. Ce sont finalement ce frisson et ce plaisir de visionnage qui l’emportent au contact de ce grand spectacle plus réjouissant que la plupart des blockbusters récents, malheureusement brouillon sur certains aspects.
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Commentaires
Le travail photographique et ses contrastes entre réalité et fiction sont magnifiques, la mise en scène et la narration sont structurées avec professionnalisme. La thématique est un peu floue avec une dose assez étrange de mysticisme, malgré tout le contexte scénique des effets spéciaux, des décors surréalistes et des costumes. Cela reste du grand spectacle cinématographique de science-fiction.… Voir plus
Dernière modification il y a 1 an
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