King's Land Danemark, Allemagne, Norvège, Suède 2023 – 128min.

Critique du film

Mads Mikkelsen à la conquête des plaines sauvages

Critique du film: Damien Brodard

Mads Mikkelsen, l’acteur danois le plus célèbre du moment, débarque sur le Lido dans un film en costume des plus classiques, mais diablement efficace.

Danemark, 1755. Désireux d’obtenir des titres de noblesse, le Capitaine Ludvig Kahlen (Mads Mikkelsen) se lance pour mission de coloniser les terres encore indomptées et inhospitalières du Jutland. Très vite, ce dernier est confronté au seigneur local, Frederik de Schinkel (Simon Bennebjerg), qui n’entend pas laisser quiconque s’emparer de la lande, même au nom du roi.

Retour au pays pour le réalisateur danois Nikolaj Arcel qui, après un passage aux Etats-Unis complètement raté avec La Tour sombre (2017), se remet sur les rails avec un film d’époque efficace et de belle facture. Avant toute chose, il est bon de préciser que The Promised Land ne brille pas par son originalité. Rien ne sort des sentiers battus, on pourrait même lui reprocher son académisme. Pourtant, tout classique qu’il est, lorsqu’un film de cet acabit est joliment mis en images, agréable à suivre et bien interprété, quel plaisir ! L’intrigue débute avec un Mads Mikkelsen fidèle à lui-même, incarnant un guerrier désabusé que l’on croit d’abord monolithique, mais c’est sans compter sur le talent de l’acteur qui imprègne progressivement son personnage d’une fragilité saisissante. Preuve que le comédien Danois sait se montrer subtil, malgré un rôle qui se rapproche a priori de ce qu’on lui propose outre-Atlantique.

Il en va de même pour le récit d’ascension sociale, partant d’archétypes bien connus pour développer les relations entre des personnages plus profonds et complexes que ne laisse sous-entendre l’entame du long-métrage. Seul point noir à ce niveau, l’antagoniste fait pâle figure en comparaison des protagonistes, tant sa caractérisation de grand vilain tyrannique frôle le stéréotype bas de gamme. Toutefois, l’écriture expose de manière plutôt remarquable les rapports de pouvoirs dans la quête de reconnaissance de Kahlen, méprisé par les puissants, et son rapprochement avec les paysans. On notera également que le personnage féminin incarné par Amanda Collin bénéficie d’une exposition et un traitement bien plus important qu’à l’accoutumée dans ce genre de grandes fresques historiques.

Nikolaj Arcel réalise son sixième long-métrage sans fioritures, mais en parvenant à capter par le biais de fantastiques plans larges la beauté de la nature indomptée, sa capacité de destruction ainsi que sa fonction nourricière. Ce dernier peut compter sur le travail admirable du directeur de la photographie Rasmus Videbæk qui nous gratifie de plans sidérants, magnifiés par la lumière naturelle. The Promised Land est un spectacle haletant, une sorte de Western danois solidement conçu, dont les qualités surpassent largement son académisme manifeste.

(Mostra 2023)

27.03.2024

4

Votre note

Commentaires

Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.

Login & Enregistrement

vincenzobino

il y a 7 mois

4.5: There was blood
1755, province du Jutland au Danemark : Ludwig Kahlen un ancien soldat compte s’installer dans une lande et y bâtir une communauté et une large culture de pommes de terre. Seul hic: s’il obtient la bénédiction royale, la terre qu’il convoite appartient à De Schinkel, un odieux noble ayant divers esclaves dont Ann Barbara et son époux. Le couple parvient à s’échapper et accepte d’aider Ludwig. A leurs risques et périls.
Les voici ces retrouvailles Mikkelsen Arcel après Millenium dont le second cité signa l’adaptation. Autre livre adapté et toujours aussi sombre et brillant.
Comment tenter de défier une autorité et d’en instaurer une par soi-même? Comment convaincre des naïfs d’y prendre part et finalement être contraint d’être le seigneur de l’anneau sanguin et faire des choix forcés plus que contestables? Tel est le fardeau de Ludwig au crépuscule d’un nouveau monde attendant une approbation divine.
Une atmosphère plus ancienne mais similaire au roman culte avec Lisbetb Solander, un rythme pesant mélangé à la splendeur des prises de vue et une sauvage étude comportementale sur le pouvoir: cette expérience saignante ne vous épargnera pas et la situation actuelle dans un pays « occupé » n’est pas sans parallèle : le sang est le prix à payer.
Brillamment interprétée notamment par Mads Mikkelsen et les trois principales protagonistes féminines, accompagnée par une musique angoissante et néanmoins un relâchement rare apaisant sur le rôle paternel, cette prise de sang est à recommander vivement si préparés.Voir plus


Autres critiques de films

Sauvages

Riverboom

Feu Feu Feu

Naître Svetlana Staline