CH.FILM

Feu Feu Feu France, Suisse 2024 – 65min.

Critique du film

Magnétisme et réseaux sociaux

Critique du film: Maxime Maynard

La jeune réalisatrice suisse Pauline Jeanbourquin présentait au dernier Festival Visions du Réel son documentaire «Feu Feu Feu». Intrigant et harmonieux, l’œuvre prend des airs de fiction pour suivre, le temps d’un été, Juliette, une coupeuse de feu.

Juliette, une Française de 17 ans, vient de passer son baccalauréat. Après, elle aimerait bien devenir sage-femme et ainsi utiliser ses dons pour apaiser les douleurs des futurs parents. En effet, l’adolescente est coupeuse de feu, une habilité héritée de sa grand-mère. Grâce à son magnétisme, elle peut, en apposant ses mains, aider les brûlures, blessures et douleurs à disparaître. En attendant la réponse d’une école de sage-femme de Genève, Juliette part à Nice, accompagnée de ses ami.es scouts.

Après deux courts métrages en 2017 et 2018, Pauline Jeanbourquin se lance doucement dans des projets légèrement plus longs. À travers sa caméra, elle capture, sur 65 minutes, le quotidien de la jeune Juliette. Et dans une ambiance cinématographique à l’esthétique éclatante et colorée, l’adolescente, solaire et rayonnante, prend des airs de personnage de fiction.

Juliette partage son temps entre ses amies et les réseaux sociaux. Sur Tik-Tok, elle promeut ses dons, dans un enchaînement de vidéos typiques de la plateforme. Montrée à l’écran, l’intrusion de ces apartés peut désorienter un public plus traditionnel, mais participe à l’illustration de la personnalité joviale de Juliette. Et derrière son écran, la jeune femme remet au goût du jour une spiritualité ancestrale.

Avec son parfum de fantastique, le sujet intrigue, et le regard peut parfois se faire sceptique. Mais la curiosité prend rapidement le dessus, et les échanges réguliers entre les personnages offre une vision intime des questionnements, des craintes et des espoirs qui rythment le quotidien d’une génération de jeunes adultes, perdus dans un monde toujours plus incertain.

Entourée de son équipe technique, la réalisatrice Pauline Jeanbourquin s’intéresse autant au fond qu’à la forme de son projet. Avec délice, le directeur de la photographie Augustin Losserand capture l’ambiance d’un été aux couleurs étincelantes du sud de la France. De son côté, à la musique, Yatani Roy Cantu accompagne les images de mélodies superbement magnétiques. Ensemble, ils aident à transformer le documentaire en un récit d’apprentissage estival particulièrement charmant.

(Visions du Réel)

09.07.2024

4

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