Flow Belgique, France, Lettonie 2024 – 85min.

Critique du film

Une odyssée silencieuse au fil de l’eau

Critique du film: Marine Guillain

Présenté au Festival de Cannes puis à celui d’Annecy, le long métrage de Gints Zilbalodis s'annonce déjà comme l’un des films d’animation les plus marquants de l’année.

Il est seul, il vit sa vie dans la nature, lorsqu'une immense inondation envahit la Terre. Pour sa survie, ce chat gris aux yeux jaunes n'a d'autre choix que de se réfugier sur un bateau à voiles. Aucun humain alentour. Une végétation luxuriante immergée à perte de vue, et des ruines comme seule trace de civilisation. Dans cet environnement aussi fabuleux que hostile, chat doit affronter les dangers : l’eau, les intempéries, ou encore les menaces d’autres animaux, comme cet oiseau qui l'embarque dans ses griffes pour un vol effrayant. Sur le bateau, chat est rejoint par un capybara et un lémurien, puis par un chien et un héron. A bord, ces animaux que tout oppose vont pourtant devoir apprendre à vivre en communauté...

Sans dialogue (sauf pour celles et ceux qui comprennent le «miaou»), «Flow» est une coproduction letto-belgo-française, réalisée par Gints Zilbalodis. Après «Ailleurs» (2020), autre oeuvre sans parole que le cinéaste letton de 30 ans avait réalisée entièrement seul chez lui, «Flow» a fait les honneurs de la sélection Un certain regard à Cannes, avant de se retrouver en compétition officielle à Annecy. «Le film narre la trajectoire d’un personnage indépendant et autosuffisant qui doit apprendre à travailler en équipe, ce qui a été mon cas sur ce film», explique le réalisateur. «Flow» étant composé de beaucoup de séquences très longues et compliquées, avec une caméra en mouvement, l’équipe n’a pas utilisé de story-board, mais a créé un environnement en 3D pour y placer les personnages et explorer les possibilités de mise en scène.

La vivacité de la caméra est l’une des premières choses qui frappent dans «Flow» (mot anglais qui signifie «couler», «circuler») : tantôt sous l’eau, dans le ciel ou en plan très rapproché… elle donne à ce survival animalier bourré d’action et de tension un côté immersif très vivant. Le voyage dans cette arche de Noé insolite se transforme dès lors en épopée sensorielle. Car par l’absence de dialogue, le public prête d'autant plus attention à l'époustouflant travail du son, au point de le ressentir jusque dans les veines.

Chants d’oiseaux, battements d’ailes, toilette du chat, griffes sur la voile, pluie qui ruisselle sur le pont, grincements de la coque de l'embarcation de fortune… l’expérience sonore se révèle des plus intenses. Jamais humanisées, les attitudes et les expressions (peur, surprise, soulagement) des animaux sont représentées avec un réalisme frappant. Comme lorsque, dans ce contexte tendu, l’envie de jeu prend soudain le dessus quand chat voit la queue du lémurien se balancer ou quand chien cherche à attraper une balle. Ainsi, pris dans le «flow», nous regardons captivé cette ode hypnotique à la nature, dans laquelle il faut apprendre à s’adapter et à surmonter les différences...

(Festival d’animation d’Annecy 2024)

18.06.2024

4.5

Votre note

Commentaires

Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.

Login & Enregistrement

Autres critiques de films

Sauvages

Riverboom

Grandir

Ciao-Ciao Bourbine