I Saw the TV Glow Etats-Unis 2024 – 100min.
Critique du film
Le troublant voyage queer de Jane Schoenbrun
Trois ans après le troublant «We’re all going to the world fair», Jane Schoenbrun présente au festival du film de Berlin son tant attendu «I Saw The TV Glow».
En 2021, Jane Schoenbrun avait convaincu le public du festival du film de Sundance avec son tout premier long métrage «We’re all going to the world fair». Cette lente descente dans les tourments psychologiques d’une adolescente passionnée de légendes urbaines l’avait propulsé comme étoile montante du cinéma queer.
Trois ans plus tard, et avec un budget plus conséquent en poche, iel présente «I Saw The TV Glow» et questionne, une nouvelle fois, l’influence des médias sur fond de recherche identitaire dans laquelle l’artiste, trans non-binaire, laisse doucement transparaître des brides de sa propre expérience
À mi-chemin entre «Fais-moi peur !» et «Buffy contre les vampires» - Amber Benson, interprète de la sorcière, et icône lesbienne, Tara fait d’ailleurs une rapide apparition -, «I Saw The TV Glow» ancre son récit dans les années 90. Avec plaisir, l’ancienne jeunesse de cette décennie relève des clins d’œil plus ou moins subtils, accompagnés de références implicites : d’une ambiance onirique et flottante à la David Lynch, à l’esthétique kitsch, bigarré et ouvertement queer de Gregg Akari et sa «Teenage Apocalypse Trilogy».
De la même façon que dans son «We’re all going to the world fair», Jane Schoenbrun travaille l’image à coup de néons et de couleurs fluorescentes. Le résultat, délicieusement lumineux, étaye parfaitement la superbe photographie d’Eric Yue dans une accumulation volontairement excessive de plans esthétiquement et intellectuellement recherchées.
Dans la peau d’Owen, Justice Smith offre une performance honnête, sans pour autant jamais vraiment crever l’écran. Si son ton continuellement monocorde est clairement intentionnel, il ne parvient pas à le compenser par une véritable présence à l’image. Mais peut-être est-ce tout simplement dû à la participation de la géniale Brigette Lundy-Paine qui, dans le rôle de Maddy, attire tous les regards.
Au rythme d’un chaos narratif soigneusement orchestré, «I Saw The TV Glow» oscille entre fantastique, horrifique et drame psychologique. Si le résultat, incroyablement chargé, n’est pas pour tous les goûts, il marque fortement les nostalgiques du «New queer cinema» du début des années 90 qui, hantés par l’aura hypnotisante de l’œuvre et sa fascinante mythologie, ne peuvent s’empêcher de disséquer et de creuser le récit longtemps après le générique de fin.
(Berlinale 2024)
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