Langue étrangère Belgique, France, Allemagne 2024 – 105min.
Critique du film
Langue Étrangère
Pour son deuxième long métrage en solo, Claire Burger présente «Langue étrangère», en compétition à la Berlinale : une romance adolescente gauche, mais charmante.
Pour un programme d’échange, Fanny (Lilith Grasmug) débarque à Leipzig chez sa correspondante allemande Lena (Josefa Heinsius). Si le premier contact est glacial, les deux adolescentes finissent par se rapprocher. Avec le temps, Fanny tombe sous le charme de Lena et de ses convictions politiques. Pour attirer son attention, elle agrémente son histoire personnelle de petits mensonges.
Après «Party Girl» en 2014 - coréalisé avec Marie Amachoukeli («Àma Gloria») et Samuel Theis («Petite Nature») - et «C’est ça l’amour» en 2018, la réalisatrice-scénariste Claire Burger s’inspire des échanges universitaires de son enfance dans une illustration adolescente du couple franco-allemand. De Leipzig à Strasbourg, elle croque le portrait d’une jeunesse européenne engagée dans un combat pour l’avenir.
Comme nombre de jeunes de leur âge, Fanny et Lena portent au fond d’elles l’angoisse perpétuelle d’un futur incertain. À la recherche de solutions, elles développent doucement leurs consciences politiques, séduites par les arguments Antifa. Si Claire Burger déclare ne pas avoir voulu faire un film politisé, la thématique s’impose rapidement, au risque de mettre à l’écart le récit initial. Et, miroir d’une génération désenchantée, Lena clame haut et fort ses valeurs.
Des valeurs qui fascinent la jeune Fanny et l’attirent doucement vers Lena. Loin de se jeter corps et âme dans une description trop passionnée des amours adolescents, Claire Burger prend son temps et préfère se concentrer sur les premiers instants, déguisés en amitié fleurissante. La passion grandit, mais l’alchimie inégale entre les deux jeunes femmes et leurs attitudes parfois mécaniques privent leur relation d’une certaine candeur.
Heureusement, la distribution est investie et offre des performances particulièrement convaincante. Elle avait dominé le film suisse «Foudre», Lilith Grasmug est superbe dans la peau de Fanny. Si son personnage agace parfois, la sincérité de l’actrice captive. Dans les rôles des mères des protagonistes, Chiara Mastroianni et la géniale Nina Hoss capturent notre attention à chacune de leur apparition. Plus timide et austère, Josefa Heinsius offre tout de même une prestation honnête pour son tout premier rôle au cinéma.
Produit par la prolifique Marie-Ange Luciani («Anatomie d'une chute», «La ligne», «120 Battements par minute»), «Langue étrangère» est une romance par moment bien trop simpliste, mais tout de même séduisante. Au rythme de la bonne musique de Julia Lanoë, membre des groupes cultes Sexy Sushi et Mansfield.TYA, le nouveau long métrage de Claire Burger est un plaisant portrait de femmes, par des femmes.
(Berlinale 2024)
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